Cette étude examine l’influence du néokantien Heinrich Rickert sur Walter Benjamin, qui a fréquenté ses cours en 1912-1913. La relation intrinsèque entre art et théorie, indiquée par la Critique de la faculté de juger de Kant, nous donne le fondement théorique pour comprendre l’usage que Benjamin fait de la pensée de Rickert, reprenant non seulement des éléments conceptuels, mais aussi des thèmes de la « vision du monde » qui les conditionne. À partir des matériaux historiques et de l’apparat conceptuel (...) qu’il rencontre dans le système des valeurs de Rickert, Benjamin élabore des constructions métaphoriques qui visent à penser la réflexivité intrinsèque à l’œuvre d’art et les fondements de la critique esthétique. (shrink)

In 1942-1943, when he was completing his doctoral thesis in medicine, Georges Canguilhem gave at the Faculté des Lettres of Strasbourg relocated to Clermont-Ferrand a lecture on Les normes et le normal. In 1962-1963, he again gave a lecture at the Sorbonne, this time entitled La norme et le normal. The first of these lectures identified the “philosophical demon” that also inspired the medical thesis: the aim was to make philosophy a philosophy of values. The second does not abandon this (...) commitment. Canguilhem draws the conclusion that philosophy, whose task is the critical resolution of conflicts of values, cannot itself have one of these values as its norm. Hence the apparent paradox that “there is no such thing as philosophical truth”. (shrink)

Heinrich Rickert fut, avec Windelband et Lask, l’un des principaux représentants de l’école néokantienne de Heidelberg, qui se différencie essentiellement de l’école de Marbourg par la façon dont elle redéfinit l’idéalisme transcendantal à partir de la problématique de la validité, héritée notamment de la philosophie de Lotze.Les six articles réunis ici, publiés par Rickert dans la revue Logos entre 1911 et 1932, dessinent les grandes lignes d’une philosophie systématique des valeurs qui ne se veut pas seulement une (...) théorie transcendantale du valoir dans son opposition à l’être, mais aussi, en tant que doctrine des visions du monde, l’élaboration d’une réponse philosophique à la question du sens de la vie. À côté de recherches architectoniques portant sur la détermination et l’articulation des différents domaines axiologiques, mais aussi sur les problèmes généraux liés à la définition de la philosophie comme doctrine des valeurs, ces articles entretiennent une constante polémique à l’endroit de tout intuitionnisme et de toute « philosophie de la vie ». Contre le biologisme qui fait du vivant la valeur absolue et contre la dénonciation intuitionniste de la science comme intellectualisme, l’affirmation de la transcendance des valeurs garantit pour Rickert le droit d’une philosophie scientifique et critique de la culture, qui en appréhende la vie propre en rendant compte de l’articulation des valeurs et de l’effectivité empirique au sein d’un système des valeurs qui reste ouvert sur l’infinie nouveauté et l’inépuisable richesse du monde historique. (shrink)

Ce travail se propose de montrer que l’intérêt de la philosophie des valeurs de Rickert relativement au champ historique ne se limite pas, comme on le croit souvent, au développement d’une logique de la connaissance historique, mais qu’au-delà de cette dimension épistémologique, elle contribue à déterminer sur nouveaux frais l’idée d’une philosophie de l’histoire. Il s’agit dès lors d’élucider la thèse paradoxale selon laquelle c’est de l’édification d’un système des valeurs ineffectives que dépend pour Rickert la (...) possibilité d’une philosophie de cette effectivité asystématique qu’est la matière historique. Il apparaît ainsi que l’idée d’un système des valeurs permet de différencier plusieurs niveaux de cette philosophie de l’histoire, qui sont autant de moments d’une critique radicale de l’historicisme.This paper intends to show that Rickert’s philosophy of values provides not only a logic of historical knowledge but also a renewed philosophy of history itself. Rickert’s paradoxical claim is in fact that only a system of non effective values can allow the development of a critical philosophy of effective and non systematic history. This fundamental assertion is explained by showing how a system of values allows to divide the very idea of a philosophy of history into different levels, which are at the same time different steps on the way to a radical refutation of historicism. (shrink)

Celui qui entreprend l'étude du droit ne peut manquer d'être frappé par la divergence énorme qui existe entre les jurisconsultes sur la définition, le fondement ou le but du droit. Sans doute, on s'accorde à dire que l'objectif du droit est l'établissement d'un ordre social harmonieux et la solution des conflits entre les hommes. Mais dès que l'on dépasse cette proposition assez banale, des désaccords surgissent, comme il n'en existe dans aucune autre discipline intellectuelle. [...] Comment expliquer un pareil désaccord (...) sur les notions les plus élémentaires? [...] Il nous semble nécessaire d'indiquer dès maintenant que la solution du problème peut être fournie par la philosophie moderne des " valeurs ". Le droit s'est proposé successivement plusieurs objectifs ; il a cherché à saisir l'une après l'autre plusieurs " valeurs " sociales, la sécurité juridique, la justice, le progrès social, et ce sont les phases progressives de cette conquête qui sont représentées par les diverses Ecoles. [...] Paul Roubier. (shrink)

Éthique est devenu un signifiant maître : adjectif ou substantif, il a envahi le discours contemporain, où il n'est question que de valeurs, de respect et de prise en compte de l'humain, surtout là où ils font défaut. Une véritable prolifération normative déferle sous ce nom, des droits de l'homme à l'environnement. Dans le même temps, on assiste à l'émergence de néo-valeurs, comme la transparence, le partage, l'exemplarité, le vivre-ensemble, qui déstructurent le champ des valeurs et préfigurent (...) un monde sans éthique, à l'entière dévotion de l'ordre établi. Un anti-manuel se doit de protéger l'éthique tant de sa dégradation en système de règles et de consignes que de sa chosification en moralisme vague. (shrink)

Quelles sont les capacités et valeurs qui peuvent animer des académiques en ces temps de changement où nous vivons?? À cette question, généralement non explicite dans leurs travaux, ont répondu quinze chercheuses et chercheurs de différentes spécialités. En revisitant leurs thèmes de recherche ou leur parcours sous cet angle, il se dessine une constellation où semblent émerger trois pôles?: critique, imagination, interdépendance.00Avec les contributions de : 00Philippe Baret, Tom Bauler, Philippe Bourdeau, Isabelle Ferreras, François Gemenne, Marie-Françoise Godart, Marine Lugen, (...) Delphine Misonne, Muriel Moser, François Ost, Benoît Timmermans, Christian Vandermotten, Didier Viviers et Arnaud Zacharie. (shrink)

Quels peuvent être les enjeux contemporains d'une philosophie des valeurs dans le contexte éducatif? Quelles sont les valeurs éducatives convoquées dans les discours sur l'éducation aujourd'hui? Sur quels modes le sont-elles? Trois grandes parties structurent cet ouvrage : Philosophie de la valeur, Repenser les valeurs et Focus sur quelques valeurs. [Source : 4e de couv.].

The Value of the Emotional Knowledge Emotional knowledge is a form of self-knowledge which holds great interest for ordinary individuals. It is not obtained by any obligation but rather because we think it is crucial to obtain. In this article it is a matter of demonstrating that emotional knowledge holds an instrumental and a prudential value. By arguing that it can allow a control over our emotions, I shall maintain that emotional knowledge affects individual marginalization or acceptance in society. In (...) addition, this type of knowledge is revealing of our personality by allowing us to identify our affective identities. Finally, I shall defend the idea that emotional knowledge contributes to the conduct of a good life. As such, my hypothesis could be viewed as incompatible with widespread ideas, according to which the knowledge of our own emotions can trigger negative emotional states, e.g. mental rumination, anxiety, that do not contribute to our well-being. (shrink)

L'expression d'"anarchie des valeurs" prête à confusion. Elle peut en effet laisser entendre que dans la réflexion et la vie morale actuelles ne règne plus que confusion, chaos, donc anarchie entendue comme absence de principes organisateurs et structurants de la vie sociale et politique; elle peut aussi suggérer que notre situation éthique ne connaît plus elle-même de "moralité des mœurs"; elle pourrait également ouvrir la voie aux lamentations bien connues sur les malheurs des temps, la décadence morale et spirituelle, (...) ritournelle à peu près constante dans l'histoire de l'humanité, depuis la plus haute antiquité, comme de nombreux témoignages pourraient en fournir la preuve. Aussi dois-je préciser le but de cette conférence: il s'agit de proposer une réflexion philosophique sur les conséquences pour la morale, dans la théorie comme dans la pratique, de la vie dans des sociétés démocratiques pluralistes, ou encore de s'interroger sur la morale elle-même, affectée qu'elle est par la modernité, si l'on veut utiliser ce terme large et parfois flou pour désigner la situation culturelle originale que nous connaissons désormais dans notre histoire. En quoi la spécificité de nos sociétés affecte-t-elle la manière de comprendre et de vivre la morale ? en effet celle-ci ne reste pas au-dessus des évolutions sociales, économiques, politiques et culturelles, impassible et pérenne. Puisque la morale vise à contribuer à la vie bonne des hommes réellement existants, il lui faut bien les rejoindre dans leurs existences concrètes, et du coup elle est affectée par la question de savoir comment on peut mener une vie bonne, ici et maintenant, donc dans une situation neuve et très différente des moments historiques antérieures. Je vais donc tenter d'abord de caractériser notre situation en donnant un contenu à l'idée d'anarchie des valeurs, puis je m'interrogerai sur la place de la liberté morale en ce contexte, enfin j'indiquerai quelques conditions pour la vie morale ici et maintenant. (shrink)

The problem of values has given rise to a bewildering variety of theories. Louis Lavelle set himself the task of expounding and systematizing these diverse doctrines, of making “une sorte de tableau de toutes les directions dans lesquelles s’est engagée la reflection humaine au cours de son histoire, lorsqu’il s’est agi de definir pour elle la valeur absolue et les valeurs particulières”. He tried to bring order into the work of ages, situating it in a vaster order according to (...) his own views of man’s privileged place in the universe. Of course the study of values made by this great psychologist–metaphysician was far more than a lifeless gathering together of dry concepts: it involved a representation, from a new angle, of his entire philosophy of being. “Le problème essentiel de la métaphysique, le seul dont la solution puisse éclairer notre vie et guider notre conduite, c’est le problème du rapport entre l’être et la valeur”. M. Wesley Piersol now presents a fine compendium of Lavelle’s thought on value. He divides his study into four parts, aiming at thus keeping close to the line of development of the philosopher’s views. In the first part is found Lavelle’s analysis of the faculties of the moi, sentiment, will, preference, judgment of value. From this analysis is derived his understanding of the characters of value. Next comes a section on the incarnation of value by liberty in time: thus a psychology of value develops into a metaphysics of value. Finally, there is a section on the relation between axiology and ontology. The book is well planned and the matter clearly presented but, as anybody who is acquainted with Lavell’s writings must know, clarity and charm in presentation do not eliminate difficulty. (shrink)

Cet ouvrage est une réédition numérique d’un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d’origine.

Notre etude se concentre principalement sur la "seconde philosophie" de Wittgenstein pour developper d'avantage le theme deja central depuis sa "premiere philosophie", selon lequel l'ethique et l'esthetique sont transcendentales. Nous etudions ainsi les relations entre l'esthetique, la signification et la valeur en reempruntant la methode de l'analyse linguistique par experiences de pensee, dont wittgenstein se servait pour devoiler les erreurs fatales du projet positiviste. Nous montrons que cette critique est particulierement propice aujourd'hui ou la majorite des philosophes analytiques (...) importants partagent de nouveau une metaphysique materialiste d'un esprit tout a fait positiviste. Les theses fondatrices de cette nouvelle vision se reunissent generalement autour de la question de l'origine du langage (traitee en premiere partie) et entrainent certaines consequences (traitees en deuxieme partie) notamment, concernant l'intelligence artificielle, la propriete intellectuelle, et la valeur ethique. (shrink)

Heinrich Rickert (1863-1936) fut, avec Windelband et Lask, l'un des principaux representants de l'ecole neokantienne de Heidelberg, qui se differencie essentiellement de l'ecole de Marbourg par la facon dont elle redefinit l'idealisme transcendantal a partir de la problematique de la validite, heritee notamment de la philosophie de Lotze. Les six articles reunis ici, publies par Rickert dans la revue Logos entre 1911 et 1932, dessinent les grandes lignes d'une philosophie systematique des valeurs qui ne se veut pas (...) seulement une theorie transcendantale du valoir dans son opposition a l'etre, mais aussi, en tant que doctrine des visions du monde, l'elaboration d'une reponse philosophique a la question du sens de la vie. A cote de recherches architectoniques portant sur la determination et l'articulation des differents domaines axiologiques, mais aussi sur les problemes generaux lies a la definition de la philosophie comme doctrine des valeurs, ces articles entretiennent une constante polemique a l'endroit de tout intuitionnisme et de toute philosophie de la vie. Contre le biologisme qui fait du vivant la valeur absolue et contre la denonciation intuitionniste de la science comme intellectualisme, l'affirmation de la transcendance des valeurs garantit pour Rickert le droit d'une philosophie scientifique et critique de la culture, qui en apprehende la vie propre en rendant compte de l'articulation des valeurs et de l'effectivite empirique au sein d'un systeme des valeurs qui reste ouvert sur l'infinie nouveaute et l'inepuisable richesse du monde historique. (shrink)

La réflexion contemporaine sur l'art revêt fréquemment, comme la réflexion sur la morale ou sur la connaissance, un caractère sceptique : les valeurs artistiques seraient des illusions collectives engendrées soit par les forces sociales anonymes qu'évoquent les traditions marxiste et durkheimienne, soit par la puissance des "mondes de l'art". Ces théories conventionnalistes ont l'intérêt de souligner les faiblesses des théories platonisantes des valeurs esthétiques, mais elles sont peu crédibles. On propose ici de voir dans les valeurs artistiques (...) l'effet de systèmes de raisons fortes : c'est pour des raisons objectives que les oeuvres artistiques sont qualifiées de grandes ou de faibles. Il faut toutefois prêter attention au fait que ces raisons peuvent, dans le domaine du "Beau" comme dans les autres, ne pas apparaître immédiatement. Leur mise en évidence est au contraire le plus souvent le résultat d'un procès social qui n'est pas sans rappeler les procès judiciaires. (shrink)

An uncritical presentation of Lavelle's theory of value. Though the author rightly attempts to relate Lavelle's axiology to his psychology and ontology, the relation of value to Lavelle's philosophy as a whole remains sketchy.--R. D. G.

Raymond Polin. valeurs objectives. De l'objectivité des valeurs, n'espère-t-on pas tirer un double bénéfice, fonder la vérité d'une part, et, d'autre part, rendre possible leur universalité ? La liaison des valeurs aux normes est trop essentielle  ...

L’on montre dans quelles circonstances et pourquoi le problème des valeurs s’est posé dans la philosophie moderne. Jusqu’à la Renaissance et à Descartes, être et valeur sont identiques parce que l’être est défini par sa fonction et cette fonction par son rapport au tout. Dès que l’on admet, au contraire, l’univocité de l’être, il en résulte cette indifférence de l’être aux valeurs, qui se marque dans le principe d’inertie ou dans la relativité. Dans une pareille conception de (...) l’être, les valeurs ne peuvent être qu’autonomes par rapport à l’être, et c’est la recherche de cette autonomie qui caractérise la théorie moderne des valeurs. (shrink)