Le sens et la portée de l’ecclésiologie doivent se comprendre dans le cadre de la théologie dogmatique. L’Église est à la fois sujet et objet de la théologie. D’une part, elle est le lieu où la théologie se fait en déployant la foi apostolique; de l’autre, l’Église est objet de la réflexion théologique lorsque les chrétiens tentent de définir sa nature et sa place dans le dessein de Dieu. L’exemple de la relation entre christologie, pneumatologie et ecclésiologie permet (...) de montrer que le credo de l’Église contient une ecclésiologie implicite. Lorsque cette ecclésiologie devient explicite, la question de l’action de l’Esprit saint dans l’Église conduit la recherche théologique à comprendre la communauté chrétienne comme étant à la fois Creatura Verbi et Creatura Spiritus sancti. (shrink)

Quels sont les éléments fondamentaux ou les points nodaux d’une ecclésiologie catholique ? Dans quelle mesure ceux-ci constituent-ils encore aujourd’hui des différences séparatrices entre l’Église catholique et les autres Églises ? Tel est l’enjeu de cette réflexion. Ainsi l’article commence-t-il par rappeler quelques points clés d’une conception catholique de l’Église en repartant du concile Vatican II, livré aujourd’hui à un conflit d’interprétations au sein du catholicisme. On examine ensuite, à travers certains documents œcuméniques de la décennie écoulée, lesquels de (...) ces points clés restent aujourd’hui séparateurs et dans quelle mesure, même si les divergences varient très fort d’une tradition chrétienne à l’autre et ont parfois suscité de remarquables rapprochements au cours des dernières années. (shrink)

Dans la gestion peu évangélique des délits sexuels, commis par des clercs, l’ecclésiologie catholique courante a montré des faiblesses systémiques, qu’illustre particulièrement l’usage de la dichotomie « sacerdoce et laïcat » dans la forme qu’a favorisée le tridentinisme. Ce dernier a compris l’ordination moins comme accès au pastorat d’une Eglise et plus comme une dotation personnelle de pouvoirs sacramentels, sans liens nécessaires avec une Église locale. Ce modèle connaît sa fin en Occident, malgré son exaltation récente, conjuguée à celle (...) des nouveaux mouvements. Le renouveau passerait par une plus grande responsabilisation des diocèses et de leurs évêques, allant de pair avec une synodalité effective, un statut renouvelé du clergé et une révision de la théologie de la vocation aux ministères ordonnés, dans le sens rappelé par saint Pie X. (shrink)

Le Liber ostensor quod adesse festinant tempora, rédigé en 1356 dans la prison du Soudan à Avignon, est le plus important des écrits conservés du visionnaire et prophète et franciscain Jean de Roquetaillade. Son édition, par une équipe dirigée par A. Vauchez, offre des matériaux très riches pour l'histoire religieuse et culturelle du XIVe siècle. On note toutefois quelques lacunes dans la bibliographie et l'identification des sources, et notamment dans la notice consacrée aux emprunts faits à Pierre de Jean Olivi. (...) Au-delà des citations explicites, on peut mettre en évidence une dépendance bien plus grande, que masque pour partie une stratégie d'écriture carcérale. (shrink)

Résumé Le concile Vatican II et sa réception peuvent constituer le fil conducteur d’une relecture de l’oeuvre théologique du professeur Kasper. Inaugurée au moment de la préparation du concile, cette oeuvre théologique en reprend les grands thèmes et en propose une réception. Plus spécialement encore, W. Kasper accompagne ce travail d’interprétation de Vatican II d’une réflexion sur l’herméneutique de Vatican II. C’est à la discussion des règles herméneutiques du concile proposées par Kasper que se consacre cet article.Vatican II and its (...) reception could provide the impetus for a re-reading of Prof. Kasper’s theological work. Inaugurated on the eve of the council, this theological contribution takes up its major themes and proposes a reception of them. More specifically still, W. Kasper adds to this attempt to interpret Vatican II, a reflection on the hermeneutics of Vatican II. The present article offers a discussion of the hermeneutical rules of the council proposed by Kasper. (shrink)

En 1938-1939, le centenaire de la mort de Johann Adam Möhler provoque en France un retour à l’école théologique de Tübingen piloté par le dominicain Yves Congar, professeur au Saulchoir, et par le jésuite Pierre Chaillet, professeur à Fourvière. Ils y trouvent un recours contre l’ecclésiologie intransigeante, un appui à l’œcuménisme naissant et un rempart contre la menace totalitaire. Au contraire, les théologiens romains voient dans l’œuvre de Möhler une préfiguration du modernisme condamné en 1907. Aussi son livre L’Unité (...) dans l’Église est-il brièvement retiré du commerce en 1939 par le Saint-Office, avant d’inspirer après-guerre l’ecclésiologie du P. Congar. L’épisode est significatif des débats théologiques entre modernisme et Vatican II. (shrink)

L’ecclésiologie catholique contemporaine s’est progressivement focalisée sur quelques expressions techniques très précises de l’ensemble des documents du concile Vatican II, dont l’enjeu oecuménique était certainement important. Toutefois, les débats qu’elles ont suscités se sont relativement essoufflés. L’examen des traités ecclésiologiques catholiques récents laisse entrevoir des perspectives de chantiers nouveaux qui doivent affronter la difficile question de l’unité de cette réalité complexe qu’est l’Église, ainsi que le dit Lumen gentium, no 8.

L’hypothèse largement admise selon laquelle l’ecclésiologie des épîtres pastorales est marquée par l’expérience de l’oikos antique (« ecclésiologie de l’oikos ») est remise en question depuis peu, surtout pour deux raisons : premièrement, la terminologie de l’oikos ne serait déployée qu’en 1 Tm, la thèse selon laquelle les trois épîtres formeraient un corpus épistolaire pseudépigraphique ne résisterait pas à la spécificité de chacune des trois épîtres. Deuxièmement, ce n’est plus l’oikos, mais la polis qui servirait de contexte social (...) aux trois lettres qui se distinguent les unes des autres. Dans ce débat diffus, le présent article souhaite offrir une position plus nuancée. (1) Une analyse linguistique précise du champ lexical de l’oikos confirme son utilisation uniforme et métaphorique dans les trois lettres ; (2) entre-temps, l’Église locale est perçue publiquement comme une entité propre, distincte des synagogues, au sein de la polis ; (3) la référence à la polis de l’ekklèsia n’exclut pas que l’oikos agisse sur la vie de l’ekklèsia, tout comme celle-ci, à l’inverse, stabilise la vie dans l’oikos. Cette contribution propose trois exemples : le rôle des femmes, les représentations de la fonction de responsable d’église et le rapport à l’argent et à la richesse. (shrink)

Réflexions sur deux publications récentes en ecclésiologie : «Eclesiología 30 años después de Lumen Gentium. Pueblo de Dios - Cuerpo de Cristo - Templo del Espíritu Santo - Sacramento - Comuniοn», Pedro Rodríguez , Madrid : Rialp, 1994 et François Guillemette, «Théologie des conférences Episcopales. Une herméneutique de Vatican II», Montréal, QC : Médiaspaul, 1994.

Mgr A. Prignon fut un théologien particulièrement compétent et apprécié pendant le Concile Vatican II, malgré une formation théologique contrariée par les circonstances. L’équipe dynamique qu’il anima eut son lieu de travail au Collège belge, dont A. Prignon fut le recteur depuis 1962. Son influence s’exerça spécialement sur l’ecclésiologie de Lumen Gentium et sur la version finale du Schéma XIII.