Abstract
Le changement institutionnel dans les pays post-soviétiques analysé à partir des politiques de la jeunesse en Estonie dans les années 1990-2013 montre la nécessité d’articuler les temporalités individuelles et institutionnelles pour pleinement comprendre l’évolution de ce secteur de l’action publique. Dans le cas de l’Estonie, en effet, la rupture institutionnelle ne s’est pas produite lors de l’effondrement de l’Union soviétique mais au moment du déménagement du ministère de l’Éducation hors de la capitale en 2001, en période de stabilité politique. La PJ est alors considérée comme une politique trans-sectorielle, intégrée dans le processus de planification de l’État en fonction des objectifs de l’Union Européenne. L’État renforce simultanément son rôle stratégique de planification des politiques publiques. Au regard des temporalités individuelles, ce n’est pas la chute de l’URSS, mais le déménagement du ministère qui engendre une rupture dans les trajectoires des fonctionnaires d’État. Il s’accompagne de l’accès aux postes clé de jeunes agents socialisés aux politiques européennes. Le changement de la PJ en Estonie révèle que la socialisation politique des responsables de la politique publique est essentielle pour comprendre les comportements fortement hétérogènes des réformateurs des pays post-soviétiques