Abstract
Privés d’emploi, les chômeurs sont aussi privés des cadres temporels fournis par l’activité professionnelle. Partant de ce constat, nombre d’enquêtes ont associé la condition de chômeur à un temps excédentaire, gagné par l’ennui ou le découragement, et vide de sens. À rebours de cette perspective, nous avançons que l’expérience du chômage est marquée par un temps prescrit : celui de la recherche d’emploi. Nous sommes alors conduits à examiner l’hypothèse d’une pluralité des temporalités organisant la condition de chômeur. Pour cela nous avons mené l’enquête auprès de chômeurs qui ne sont pas parvenus à satisfaire les obligations de recherche d’emploi et ont été sanctionnés. Nous montrons alors les tensions, jusqu’à la rupture, entre deux équations temporelles, l’une définie par l’imprévisibilité et le débordement du temps vécu de la vie quotidienne et l’autre caractérisée par la pression et la rationalisation du temps prescrit de la recherche d’emploi.