Abstract
Pris en charge par des organismes spécifiques, les chômeurs sont dans l’obligation de mener des échanges réguliers avec leurs conseillers. Ces interactions articulent trois temporalités distinctes : un rythme des rendez-vous, un horaire de début et une durée. À partir de l’observation d’entretiens entre des chômeurs et leurs conseillers dans plusieurs types d’organismes d’accompagnement, nous interrogeons le pouvoir discrétionnaire que possèdent les agents administratifs en matière de temporalités, ainsi que les marges de négociation détenues par les publics. Cette perspective présente le rapport des chômeurs et des conseillers comme un processus d’ajustements ou de conflits temporels. Elle montre que les temporalités administratives du chômage sont inégalement contrôlées et disputées au niveau des guichets, avec des résultats différents d’une institution à l’autre. Le pouvoir discrétionnaire des conseillers est particulièrement élevé en matière de rythmes de convocation. En revanche, les chômeurs disposent de ressources singulières pour discuter les horaires en Arbeitsagentur ou pour contester les durées à Pôle emploi. Les chômeurs en régime d’assistance, au sein des Jobcenter, apparaissent singulièrement démunis dans ces luttes temporelles.