En contrepoint à son œuvre mathématique et physique — et en relation avec elle — d'Alembert a développé une théorie de la connaissance influencée par Locke et le sensualisme de Condillac, mais centrée avant tout sur une épistémologie de la physique newtonienne. Réaliste, prônant le recours à l'expérience, il est en même temps profondément rationaliste, et même précisément, quoiqu'il s'en défende plutôt, dans la lignée de Descartes, Mais, bien que la Raison soit sa référence fondamentale, à tel point qu'il voudrait (...) fonder sur ses principes les plus évidents toute la science physico-mathématique — c'est-à-dire par excellence la Mécanique —, son programme ne peut être dit cartésien : non seulement il rejette les idées innées, mais il accepte la critique d'une rationalité apparente requise par la considération de faits irréductibles (l'attraction par exemple). Son épistémologie est un réalisme rationnel référé à l'être même de la Nature (la Raison et la Nature se rejoignent en profondeur). C'est en fonction de ces conceptions qu'il accepte ou rejette certaines notions physiques soit ambiguës, soit incertaines. Son rejet du concept de force comme celui de la considération d'une texture intime des corps semblent en faire, par le refus de ce qui ne serait pas directement mesurable, l'annonciateur du positivisme de Laplace et de Comte : une telle interprétation serait inexacte, et d'Alembert considère que la pensée peut parvenir à la connaissance du réel. Si ses conceptions s'élaborent en contrepoint de son activité scientifique, c'est en même temps en lutte et polémique contre la métaphysique, au sein de son engagement philosophique — il est tête de file, avec Voltaire, du « parti philosophique » — et notamment dans l'Encyclopédie. Bien qu'il se réfère, comme Newton, à une Intelligence suprême à l'œuvre dans l'Univers, il n'est pas déiste et affiche bientôt une position sceptique. Sa recherche et son affirmation de l'autonomie des lois de la Nature sont a-thées au sens privatif qui annonce Laplace. Il s'oppose au matérialisme de d'Holbach ou Helvétius, mais il se rapproche peu à peu — et notamment vers 1765, sans doute sous l'influence de Diderot qui rédigea vers cette époque Le rêve de d'Alembert et avec qui il venait de renouer — d'un matérialisme dynamique : mais, ce matérialisme, il ne le professe qu'en privé (essentiellement dans sa correspondance avec Frédéric de Prusse). L'âme est matérielle, et si « le plus simple raisonnement prouve qu'il y a un être éternel » , ce Dieu est matériel, il « n'est que la matière en tant qu'intelligente » , ce qui rejoint la définition du matérialisme donnée par Diderot dans l'Encyclopédie. Toutefois, refusant de se prononcer sur l'en-soi des choses, et sur la nature de la matière elle-même, comme de se définir métaphysiquement, son matérialisme tardif est encore marqué de scepticisme. (shrink)

Cet article vise à expliciter la notion de « rêve matérialiste » à partir d’une réflexion sur l’ouvrage de Diderot, Le Rêve de D’Alembert. Quel lien y a-t-il entre le matérialisme philosophique proclamé dans ce livre et la forme du rêve qui donne un caractère inédit à la présentation de cette philosophie? Une approche purement textuelle montrerait, déjà, une indissociabilité particulière entre forme et contenu; mais l’approche proposée ici s’attache à la manière dont une certaine idée (...) du rêve sert de condition nécessaire conceptuelle à l’élaboration du matérialisme de Diderot : à l’affirmation de l’unicité du monde matériel sans perdre de vue l’état mental d’un sujet rêvant.This article seeks to explicate the notion of what I term the ‘materialist dream’, on the basis of an examination of Diderot’s work D’Alembert’s Dream. What might the connection be, between the materialist philosophy put forth as the content of the work, and the form of the dream which gives a highly idiosyncratic character to the presentation of this philosophy? A purely textual, literary analysis would itself show a particular kind of inseparability between form and content here; but the analysis suggested here focuses on how a certain idea of the dream serves as a necessary conceptual condition for the elaboration of Diderot’s materialism : for the affirmation of the unity of the material world without losing sight of the mental states of a dreaming subject. (shrink)

Of laws in general -- Of laws directly derived from the nature of government -- Of the principles of the three kinds of government -- That the laws of education ought to be relative to the principles of government -- That the laws given by the legislator ought to be relative to the nature of government -- Consquences of the principles of different governments, with respect to the simplicity of civil and criminal laws, the form of judgements, and inflicting of (...) punishments -- Consquences of the different principles of the three governments, with respect to sumptuary laws, luxury, and the condition of women -- Of the corruption of the principles of the three governments -- Of the laws in the relation they bear to defensive force -- Of laws, in the relation they bear to offensive force. (shrink)

Le but de cet ouvrage est de montrer la teneur philosophique unitaire de la pensée critique de Diderot par delà le caractère éclaté et dispersé de son œuvre. Diderot philosophe est présenté comme un penseur critique et systématique, c'est-à-dire un philosophe dont la réflexion, d'une part, s'inscrit dans le cadre du courant de pensée moderne qui vise à dépasser les perspectives du « premier regard géomètre de la raison », celui de Descartes, de Malebranche et des post-cartésiens. D'autre part, elle (...) atteint un « second regard critique », plus profond, jeté sur le monde de la nature et surtout, sur lui-même (une philosophie de l'aperception : Spinoza, Wolff, les Moralistes anglais et Kant), qui se rattache intimement à un matérialisme biologique tout à fait original, issu de la confrontation de Diderot avec les naturalistes et les médecins de son temps. C'est ce matérialisme élaboré dans l'usine encyclopédique qui met en cause la notion clé d'« individualité naturelle » (jouée en couplet avec une « communauté du désir ») - néologisme dont Le Neveu de Rameau et Le Rêve de D'Alembert développeront les tenants et les aboutissants philosophiques -, et qui témoigne de la nouveauté d'approche propre à cette philosophie, à l'intérieur de la pensée des Lumières européennes. Avec Diderot, c'est une nouvelle figure historique de la philosophie elle-même - celle de la subjectivité individuelle complexe, uni-totalité de penser-sentir-agir - qui monte sur la scène de la modernité, comme étant la substance première, incontournable et insaisissable, de la pensée critique de nos jours. (shrink)

Je n'examinerai, au cours de cet article, que I'un des aspects du matérialisme de Diderot: la physionomie du théoricien de la nature, de l'auteur de I' Interprétation de la Nature, du Rêve de d'Alembert. Ces oeuvres versent au dossier du développement de la philosophie des sciences de la nature, une doctrine, le materialisme; une methodologie; un programme de recherche. Mais sur ce sujet on ne peut guere separer la réflexion de Diderot de celle de son ami d'Holbach, réflexion qui (...) lui est complementaire. D'Holbach rencontre les thèses de Diderot et surtout les systématisent. L'enjeu principal de cette systématisation est la diffusion des idées et du programme du « parti des philosophes ». Il s'agit de mettre à la disposition du combat encyclopediste le nouveau Discours de la méthode des sciences expérimentales, sous forme manipulable d'un code, le Code de la Nature. « Système de la Nature », l'expression empruntee au titre de l'ouvrage célèbre du baron, paru en 1779, manifeste cette intention polémique/politique. D'Holbach nomme ainsi son ouvrage, même si à cette époque on entend par opposition au mathematisme cartésien, s'entenir, contre tout système, à l'expérience, à la leçon des faits. (shrink)

In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:Reviewed by:Diderot philosopheTimo KaitaroColas Duflo. Diderot philosophe. Paris: Honoré Champion, 2003. Pp. 543. Cloth, € 85,00.Diderot's thought has often been believed to be full of incoherencies and paradoxes, lacking the unity characteristic of philosophical systems. It is true that he preferred the form of a dialogue to that of a systematic treatise and that his ideas on a specific subject tend to be dispersed in a variety of philosophical, (...) literary or epistolary texts. However, the different pieces fit together nicely, if one has the patience to put them together. In his new monograph Colas Duflo manages to show the coherence and unity of Diderot's philosophy, not only by showing the consistency of the philosopher's thought on epistemological, aesthetical and moral subjects separately, but also by showing the close interdependence of different aspects of his philosophical inquiry and their grounding in his biological materialism.Before the author examines Diderot's philosophy proper, he introduces the reader to Diderot's manner of writing and shows how the literary forms in which the encyclopedist presented his philosophy are indistinguishable from its content. Diderot did not write dialogues just in order to present in a palatable and entertaining form a philosophy that could well have been presented in erudite treatises. Dialogue was the original form of Diderot's thought. It helped him to distance himself from his thoughts and to put his ideas in a dialogue with each other, instead of systematizing them. In his dialogues the truth is approached by multiplying perspectives instead of being viewed from a central perspective which unifies the various points of view in one vision. Reminding the reader of this aspect of Diderot's philosophy is important. One would look in vain for the traditional mouthpiece of the truth among the protagonists of his dialogues; and this is true even in cases when he stages himself among them.Colas Duflo starts his discussion of Diderot's philosophy by examining the philosopher's complex and changing relation to metaphysical finalism in his first philosophical works. Duflo also lets this theme of finalism run through the book as the main thread, which provides a coherent framework for the treatement of the different aspects of Diderot's philosophy. The presentation of Diderot's early writings situates these works in their contemporary context and manages to reveal the internal logic of Diderot's development from a finalist deist to an antifinalist atheist in a convincing manner. The chapter dealing with Le rêve de d'Alembert provides a careful and well-thought-out reading of this work and shows the originality of Diderot's biological materialism, which has really nothing to do with the mechanism sometimes falsely attributed to him (and to La Mettrie). Diderot's thought was not so much rooted in the mechanical world-view as it was in the sciences of life of his time. In relation to the problem of unity vs. multiplicity in Diderot's organicistic materialism, Duflo tends to emphasize multiplicity. One could, in fact, with as much reason, argue the opposite and put the emphasis on unity. But this is perhaps a matter of taste, since Diderot's originality lies in fact in his ability to take into account both aspects of the organisms by describing the continuing tensions between unifying and disrupting forces at work within them.The part of the book dealing with aesthetics places the encyclopedist's theory of taste in the context of his materialism. The interpretations proposed are convincing although one has to take account of the fact that Duflo uses the word "spontaneous," not in its usual sense referring to immediate and unreflected reactions, but rather as a synonym of innate [End Page 498] (see 303). Diderot emphasized the former but denied the latter. The juxtaposition of Diderot's aesthetics with that of Kant provides some enlightening insights into both. From taste one passes fluently to Diderot's moral philosophy: according to Diderot moral judgements resemble those of taste in so far as they are often as spontaneous as the latter. And despite this they are not innate but based on experience.The chapters dealing with the moral and political philosophy of... (shrink)

The natural philosophy of Diderot is built from the experience of the fundamental Description des Arts in the Encyclopedia, or from the «great and beautiful collection of machines» which the work provides a very rich representation. Models and metaphors that Diderot constructs to describe the world of organic beings, from the Pensées sur l'Interpretation de la nature , are inspired by the world of the mechanical arts and crafts. The manouvriers d’expériences, the experimental philosophers, are the great inventors and discoverers (...) of the secrets of nature and living being: to them Diderot inspire itself and his work as a philosopher of nature and arts. From the loom to weave socks, to the fire pump, the description of the machine proceeds through a complex network of metaphors that combine the operation of the instrument to that of organic life. The machine energises itself and the organism, in turn, is mechanized in a maze of functional architectures, according to new models and artistic metaphors of living beings, other than cartesian one. Diderot does not cease to be mechanistic still in his last vitalistic works, from Le Rêve de D’Alembert, to the Éléments de Physiologie. The new world of handicraft and artisans remains the key reference point in the philosophical work of the encyclopaedist-naturalist: weaving loom socks and sensible harpsichord are the two tools / metaphors that describe the man and his rational and specific nature. (shrink)

Nous voudrions mettre en question une vision réductrice des encyclopédistes : contrairement à une représentation convenue émanant d ’ une lecture biaisée de l ’Encyclopédie due à la lunette déformante des positivistes et des scientistes du XIX e siècle, les encyclopédistes sont loin d ’ être des chantres du progrès mais développent plutôt, notamment dans le Discours préliminaire de l'Encyclopédie et les articles épistémologiques et scientifiques, une conception sceptique de l ’ esprit humain et de sa capacité à connaître l (...) ’ Univers. Ajoutons que cette lecture biaisée a été reprise haut et fort au XX e siècle par l ’ École de Francfort qui n ’ a pas hésité à forcer le trait du prétendu optimisme rationaliste des philosophes des Lumières jusqu ’ à en faire les initiateurs des formes contemporaines de totalitarisme. C ’ est contre cette lecture que le présent article s ’ inscrit. (shrink)

L’article interroge la radicalité de la pensée décoloniale, en la mettant en perspective avec les figures du Blanc, de l’Africain paradigmatique, du Noir idéologique, du continent noir qui ressortissent d’une configuration idéologique organisée selon le principe de la violence de l’imaginaire onirique de la valeur, le sujet automate du capitalisme et de l’Argent, son représentant, c’est-à-dire son fétiche. Aussi, à la question de savoir si la radicalité de la pensée décoloniale est en mesure de décolonialiser le rêve de la (...) valeur en Afrodystopie, la réponse suggérée à partir des exemples de terrain est négative, et s’explique par le fait que le système de la valeur, système du Blanc, système de l’Africain paradigmatique est profondément ancré dans la vie psychique des sociétés dites noires, africaines ou afrodescendantes, créations du rêve d’Autrui, rêve de la valeur. (shrink)

RÉSUMÉ : Cet article s’attache à un aspect fondamental de la philosophie matérialiste de Diderot, à savoir le fait que l’individualité psychologique ne peut pas correspondre à l’individu matériel que nous sommes parce que la mémoire sur laquelle elle repose est toujours en quelque sorte partielle. Que faire alors si cet individu matériel lui-même voit son existence mise en doute, du fait que, comme l’annonce le Rêve de d’Alembert, le seul individu, c’est le «tout»? En mettant en relation (...) ces deux démarches, nous montrons comment on peut élaborer une théorie de l’individu qui tienne compte du décalage entre l’individuation comme processus physique et de la constitution de l’individualité comme processus psychologique. -/- ABSTRACT: This paper is devoted to a fundamental aspect of Diderot’s materialist hilosophy: the fact that psychological identity does not exactly correspond with the material individuals we are because the memories on which psychological identity relies are always partial. This is complicated by the fact that even the material individual is denied reality since, as is stated in the Rêve de d’Alembert , the only individual is the «whole». By relating these two approaches, I try to show how one can develop a theory of the individual that takes into account the gap between individuation as a physical process and the constitution of a psychological individual. (shrink)

De Cette chère humanité en 1976 à Lothar Blues en 2008, Philippe Curval est l’auteur d’une série de romans qui mettent en scène un ou plusieurs futurs de l’Union européenne. Alors que l’Europe s’apprête peut-être à vivre des « années de chien », cette conversation entre Philippe Curval et Ariel Kyrou nous plonge dans les rêves ou les cauchemars imaginés par l’auteur de science-fiction, quelque part entre le danger d’un enfermement dans ses frontières, les risques d’effondrement, les promesses de la (...) fin du travail et l’espoir d’une renaissance du vieux continent. (shrink)

D’Alembert a plusieurs fois exprimé sa conviction qu’une chaîne unissait tous les êtres naturels. C’est un thème métaphysique traditionnel, qui revient à la mode vers 1750, et qui manifeste l’influence de Leibniz. S’agit-il d’une chaîne des êtres ou des sdences? D’Alembert s’inspire de Descartes dans la description de l’ordre du savoir.

Résumé La réception des Lumières en République démocratique allemande (RDA) était particulière. D’une part, la tradition marxiste a découvert la pensée matérialiste dans l’histoire des idées allemande et a reproché à juste titre à la « bourgeoisie idéaliste » de l’avoir marginalisée. D’autre part, l’usage dogmatique de l’ouvrage de Lénine concernant l’épistémologie de Ernst Mach, Matérialisme et empiriocriticisme, empêcha d’apprécier convenablement des penseurs importants comme Jean Le Rond D’Alembert. De plus, la structure répressive de la vie académique en RDA (...) a paralysé la renaissance de la pensée matérialiste. Au lieu de se consacrer aux conditions concrètes de la production du savoir, la pensée matérialiste était entravée par l’obligation de recourir à l’interprétation économique. (shrink)

Les cinq super-héros présentés ici, Alexandre, Salomon, les djinns, l’ange de la mort et al-Khadir, disposent tous de grands pouvoirs qu’ils utilisent chacun dans un temps et un espace spécifiques. Les djinns, vestiges de divinités païennes sans lendemain, affectent uniquement le déroulement de la vie terrestre. A l’inverse, l’ange de la mort, bien présent dans l’imaginaire, agit par rapport à un référent mythique, situé dans l’Au-delà et pour l’éternité. Les premiers sont pragmatiques, le second est moralisateur. Alexandre et Salomon s’opposent (...) au saint homme al-Khadir. Les deux rois sont mandatés par Dieu contre les démons, ils utilisent deux espaces et temporalités, terrestres et célestes, temporelles et intemporelles, qui justifient leurs privilèges, leur violence et consolident leur légitimité politique. Al-Khadir propose d’accéder, via le renoncement, à des attributs divins, et installe le temps du mythe dans l’espace ordinaire des hommes. Al-Khadir, le plus populaire des super-héros, a marqué profondément l’islam mystique, qui, rêvant de disposer comme lui de science infuse et d’immortalité, se détourne des richesses et du pouvoir corrupteurs, mais aussi, plus gravement, de la recherche du savoir et du travail. (shrink)

Le rêve de l’histoire, faut-il le lier au marxisme et à l’utopie d’une société sans classe? Mais en quoi le rêve participe-t-il lui même au récit de l’histoire? Introduisant une citation de Proust sur « la lampe nocturne de Flaubert [qui] faisait aux mariniers l’effet d’un phare », la liasse K du livre des Passages remarque non sans ironie que « ce petit échantillon d’analyse matérialiste [serait] plus précieux que la plupart des choses qui existent en ce domaine (...) ». Proust et Flaubert plutô... (shrink)

Le rêve et l’imagination jouent un rôle fondamental dans la démarche de Philosophie personnifiée, qui, au début de l’ouvrage de Boèce, apparaît au prisonnier sous la forme d’une personnification et entreprend de le reconduire progressivement au bien suprême. Notre enquête suivra trois lignes directrices : tel un rêve, les illusions et les images trompent le prisonnier et l’empêchent de discerner le vrai bien. Cependant, Philosophie valorise l’ imagination reproductrice, dont elle fait le premier degré d’un parcours cognitif ascensionnel. (...) Pour élever le prisonnier, et le lecteur avec lui, jusqu’au terme de ce parcours téléologique, elle recourt enfin à l’ imagination créatrice, nourrie des ressources littéraires. (shrink)

Cet essai qui porte uniquement sur Politiques de l’amitié de Derrida soutient une thèse à la fois anti-kantienne et hyper-kantienne. D’une part, je montre que l’amitié ou l’amour véritable rompt avec la téléologie d’une « humanisation de l’être humain » qui conçoit l’amitié comme une fin morale. L’amour doit rompre avec la fin morale, car l’amour qui poursuit une fin morale utilise l’aimé comme un moyen en vue d’une fin. Cela rompt avec l’impératif moral de Kant. C’est hyper-kantien et en (...) fait nietzschéen, car la seule voie pour rompre avec les relations de moyens à fins est de tenir l’aimé le plus possible à distance de moi. (shrink)

"En fabriquant des outils, en accédant au langage articulé, en s'affranchissant progressivement des contraintes de la sélection naturelle, l'homme a donné toute liberté à son imagination, à ses rêves et à ses émotions. Peu à peu, la conscience du beau s'est imposée à lui, avec l'acquisition de la notion de symétrie, l'émergence du sens de l'harmonie, puis l'apparition de la parure, de l'art mobilier, de l'art pariétal, et même de la musique... Le sens de la beauté est une des aspirations (...) les plus profondes de la nature humaine à la recherche de la transcendance. Mais quand, et comment, ce sentiment de la beauté émerge-t-il? Qu'elle est la signification du beau? Peut-il y avoir une beauté en mathématique? Quelles ont été les grandes étapes de l'évolution de l'art préhistorique? De l'art médiéval? Qu'est-ce que le " Beau idéal "? Peut-on avoir une émotion esthétique? Que signifie le beau dans l'art contemporain? C'est à ces questions essentielles que répondent Henry de Lumley et son équipe, composée d'historiens, de physiciens, de mathématiciens, d'artistes, de philosophes et de théologiens. Ce livre, tiré d'un cycle de conférence tenu au collège des Bernardins, est une grande synthèse qui bouscule les interprétations dominantes sur l'idée de la beauté." [Source : 4e de couv.]. (shrink)

Suffit-il de faire appel à un nouveau concile soit en raison du « dépassement » de Vatican II, soit en raison de l’urgence à traiter des questions nouvelles ? Si la fréquence des conciles n’est pas déterminée par le droit, leur convocation est sujette à l’appréciation de la situation. Or, il s’agit par là d’accroître l’unité de l’Eglise, d’affronter ensemble les questions nouvelles, et de disposer de figures institutionnelles adéquates. C’est pourquoi, la distinction entre la conciliarité fondamentale de l’Eglise, et (...) le concile comme figure institutionnelle qui l’exprime, s’avère ici essentielle. Sans se fixer sur l’idée d’un Vatican III, il est nécessaire d’imaginer de nouveaux modes d’expression de la conciliarité, adaptés aux conditions et exigences du temps.Is it enough to call for a new council, either for “going beyond” Vatican II or because it is urgent to deal with some new questions? While the frequency of councils is not determined by law, their convocation is subject to the appreciation of the situation. Yet, the aim of a council is to bolster the unity of the Church, face new questions together, and to determine adequate institutional forms. Hence, the distinction between the fundamental conciliar nature of the Church, and the council as an institutional form that expresses it, proves to be essential here. Without focusing on the idea of a Vatican III, it is necessary to imagine some new modes of expression of conciliarity, adapted to the conditions and needs of the time. (shrink)

Summary This article intends to propose new hypotheses concerning the origin of the ?Principe général? of mechanics of Jean Le Rond D'Alembert expressed in its Traité de dynamique in 1743. The examination of the statics of Pierre Varignon and its inheritance suggests that D'Alembert retains, through a case of oblique collision on a hard surface, a method of decomposition and equilibrium of forces which is close to its principle. On the other hand, this principle requires a definition of the equilibrium (...) widely spread in the 17th and 18th centuries, D'Alembert seeming then more to innovate from an epistemological point of view that on a technical one. Finally, the determination of rules of collision based at the same time on decompositions of movements at the level of the centre of mass and on appeal to a principle of relativity constitutes a know-how at the beginning of the 18th century which can be moved closer to methods developed by D'Alembert. These three aspects try then to replace the science of D'Alembert in a context by insisting on the essential role of the collisions of body and on that of the notion of equilibrium concerning the birth of its principle. (shrink)

Peut-on analyser les carrières d'un savant des Lumières sans fragmenter son œuvre? Les études rassemblées dans cet ouvrage suivent les itinéraires de D'Alembert au sein des champs de la production intellectuelle, la philosophie, la géométrie, les belles-lettres, la musique, la politique. Trois domaines transverses organisent les analyses : l'invention, les formes d'engagements, la mémoire savante. Ils permettent d'aborder l'enchevêtrement et la complexité de la pensée du personnage, sans distinguer ses pratiques en fonction de notre propre organisation des connaissances. L'ouvrage interroge (...) ainsi la place de D'Alembert dans la formation des Lumières, mais aussi nos propres conceptions de ce mouvement intellectuel et politique."--Page 4 of cover. (shrink)

Les machines ne sont pas seulement d'utiles instruments de travail mais aussi le fruit des fantasmes les plus irrationnels. L'homme a toujours projeté sur elles ses rêves de maîtrise du temps et de l'espace : Icare, Galatée, etc. Aujourd'hui, la cybernétique et la robotique considèrent les machines comme des véhicules infaillibles du progrès. Infaillibles et neutres. Alors que ces nouvelles divinités pourraient bien nous ouvrir les portes de l'enfer. Cette critique du prométhéisme technicien nous déniaise et nous met en garde (...) : c'est la plus étayée et la plus pertinente depuis celle de Jacques Ellul. Jean Brun est l'un des philosophes français les plus originaux et les plus réputés dans le monde universitaire. Le grand public l'ignore encore, parce qu'il s'inscrit contre toutes les modes engendrées par la dictature des sciences humaines. Sa réflexion sur la nudité de l'âme contemporaine emprunte à Kierkegaard, à Berdiaev et à Chestov. En outre, sa plume dédaigné d'utiliser le jargon des jargonneurs ; il écrit pour être compris. (shrink)