Abstract
Résumé Le principe de précaution est une réponse apportée à un vrai problème. Les menaces auxquelles l’humanité se trouve confrontée aujourd’hui, et dont la mise en système pourrait mettre sa survie en danger, requièrent une forme de prudence radicalement nouvelle. Ni la phronêsis des Anciens ni le calcul des chances des Modernes ne conviennent. Le principe de précaution apparaît cependant incapable de relever ce défi, tant ses fondements conceptuels sont faibles et inadéquats. Il se trompe en particulier de cible en posant que c’est l’incertitude qui paralyse l’action. On montre que c’est plutôt l’incapacité où l’on se trouve de transformer ce que l’on sait en croyances incitant à l’action. C’est au niveau d’une métaphysique de la temporalité que l’on cherche une réponse à ce défi, en introduisant des modalités de type bergsonien dans une nouvelle approche de l’argument dominateur. La construction qui en résulte conduit à une forme inédite de rationalité dont on explore les propriétés parfois paradoxales.