Abstract
Dans cet article, nous chercherons à nouer un dialogue entre les philosophies de Ravaisson et de Jankélévitch. Tous deux mettent en évidence une manière « oblique » de saisir l’être, en tant que celui-ci ne peut être présenté de manière directe dans et par une intuition. Toutefois, il ne s’agit pas tant de relever l’impuissance de la pensée que de mettre en évidence l’excès de ce qui est à penser. Si la philosophie est en effet mue par une inadéquation initiale vis-à-vis de ses objets, ce manque ne la condamne pas pour autant. Si l’on peut constater une filiation entre ces deux auteurs, la question de la saisie oblique va également mettre au jour une divergence entre eux. Pour le premier, la réflexion sur les médiations est soutenue par l’identité de l’être et de la pensée. Pour le second, en revanche, cette identité est sans cesse mise en question, au point que la discontinuité paraît caractériser l’essence de la réalité. C’est également l’examen de la philosophie de Bergson qui va permettre de mettre en évidence une telle divergence, au sens où le rapport de Jankélévitch à celui-ci se donne à la fois dans un héritage et dans une rupture.