Abstract
Pierre-Luc Desjardins Le présent article se donne pour fin d’étudier le sens que revêt, chez Maître Eckhart de Hochheim (1260-1328), l’emploi du couple formé par les notions de pouvoir « politique » et de pouvoir « despotique ». Plus précisément, il y est question de replacer cet usage dans le contexte de la conception eckhartienne de la nature et d’y trouver un dédoublement de la notion de sujétion. De fait, pouvoir politique et pouvoir despotique se présentent comme deux manières, pour un agent, d’interagir avec le principe passif qui se soumet naturellement à lui — le pouvoir despotique demeurant extérieur à ce qu’il gouverne, là où le pouvoir politique oeuvre au sein même de ce qu’il gouverne pour se l’assimiler. Une telle contextualisation de la conceptualité « politique » eckhartienne doit faire ressortir la manière dont elle s’inscrit dans une conception plus globale des rapports entre Dieu et la création, entre l’agent suprême et l’être imparfait qui lui est soumis.