Abstract
Arendt a écrit deux volumes dédiés à la pensée et la volonté qui sont réunis dans le texte La vie de l’esprit, mais en raison de sa mort inopportune, son travail consacré au jugement, et plus spécialement au jugement politique, n’a jamais été achevé. Cependant, nous disposons d’une quantité significative d’écrits sur ce thème, provenant de ses conférences sur la troisième Critique de Kant. Le jugement et la pensée sont essentiels pour empêcher ce qu’Arendt appelle «la banalité du mal». En s’inspirant de saint Augustin et du travail d’Arendt sur Augustin, cet article entend démontrer qu’une autre forme de mal sérieux trouve sa racine dans ce qu’Augustin appelle la libido habendi et la libido dominandi, le désir ou la pulsion de dominer et posséder. Nous essaierons de montrer que la solution d’Arendt au problème de la banalité du mal peut aussi s’appliquer au désir et au plaisir très humains de causer ou d’infliger du mal