Dans ce livre savant et moqueur, Pierre-André Taguieff passe au scalpel l'idéal moderne par excellence, celui d'émancipation, qui exalte, mobilise et aveugle depuis longtemps les Modernes. Le temps est venu de soumettre à un examen critique sans complaisance cette notion qui fait partie du prêt-à-penser dont se sont emparés les utopistes et les démagogues de toutes obédiences. Comment expliquer que cette notion banale ait pu devenir un thème philosophique et politique majeur depuis la fin du XVIIIe siècle, sous (...) la forme du projet universaliste de l'émancipation du genre humain comme sous celle de l'autonomie croissante de l'individu? Taguieff analyse la formation philosophique de l'idée d'émancipation, explore ses usages politiques et dissèque ce qu'il appelle "l'émancipationnisme ", produit de la corruption idéologique de cette idée-force. Car l'émancipation comme projet global appelle une critique fondamentale : ce qui est rejeté subrepticement, voire diabolisé, ce sont les attachements, les fidélités, les enracinements, les mémoires particulières, donc la transmission. Il s'agit d'un programme de refonte anthropologique, visant à créer l'" homme nouveau ", chimère d'une société mondiale d'individus également émancipés. La généalogie d'une idée floue, pour penser librement le monde de demain. (shrink)

Qu'est-ce que la 'déconstruction'? Quelles sont les origines philosophiques de ce mot magique, brandi par tous ceux dont le but, déclaré ou non, est de criminaliser l'Occident en le réduisant à une expression du racisme, de l'esclavagisme, de l' 'hétéro-patriarcat' et de l'impérialisme colonial? Cette civilisation redoutable dont les proies seraient les peuples dominés, racisés, opprimés, et les minorités essentialisées en tant que victimes systémiques? Ainsi la civilisation occidentale se trouve-t-elle convoquée devant un nouveau grand Tribunal de l'Histoire pour répondre (...) de ses crimes, imaginaires ou réels, et, surtout, elle est la seule civilisation à être mise au banc des accusés. Au croisement de la recherche universitaire et du militantisme politique, le décolonialisme, l'intersectionnalité, la 'théorie critique de la race', la 'théorie queer', la 'théorie du genre', mais aussi le 'wokisme', né d'une corruption idéologique de l'antiracisme et du féminisme importée des campus étatsuniens, se sont peu à peu diffusés dans les médias et dans la société tout entière grâce à une propagande violente et culpabilisante puisant dans un imaginaire victimaire. Dans ce livre incisif et documenté, qui part d'une réflexion sur la pensée de Nietzsche et sur ses mésusages par les disciples français de Heidegger, Pierre-André Taguieff analyse ces théories aussi foisonnantes qu'inconsistantes et dénonce l'émergence de ce nouvel esprit totalitaire qu'il faut se garder de réduire à ses effets les plus médiatisés, comme ces 'déboulonnages' spectaculaires illustrant la violence purificatrice de la 'cancel culture'. De fait, ce néo-puritanisme obscurantiste, inquisitorial et punitif représente, dans les démocraties occidentales, un défi majeur pour les défenseurs de la liberté d'expression, de pensée et de création."--Back cover. (shrink)

ExcerptIn France for several years now, the universities, including the top ranking ones [grandes écoles], have been subjected to increasing pressure by active minorities, who can be characterized as “woke” or Islamo-leftist and who are able to exert, here and there, a genuine ideological dictatorship. On a number of questions, starting with the Israeli–Palestinian conflict or the Islamist menace, freedom of expression and freedom of debate are de facto forbidden. A pluralism of opinion has been replaced by the imposition of (...) the ideological convictions of a politicized minority who share the same hatred of Israel and same admiration for “armed resistance” as an Islamist organization like Hamas. This is the case of Sciences Po Paris, which under the cover of virtuous calls for diversity and inclusion has fallen into a culture of suspicion, intolerance, denunciation, and sidelining of “those who don’t toe the line.” As at other institutions of higher learning, small sectarian far-left groups, in the name of the defense of “minorities” and of “victims”—those whom they value—impose their law, in the face of administrative authorities whose main concern is not to “make waves” and who, as a consequence, are willing to accept everything, to tolerate everything, closing their eyes as much as possible to the actions of the activists, who show off and impose the reign of their intellectual terrorism. This is the spectacle produced by the policy of tolerance toward the intolerant. (shrink)

Traiter, au début du IIIe millénaire, de l’émergence d’une idéologie antijuive aux dimensions planétaires, en prenant la société française comme illustration privilégiée, c’est à l’évidence s’engager, avec la gravité requise, dans une tâche aussi difficile que risquée. Car le simple énoncé de cette thèse peut paraître provocateur, voire scandaleux, tant est forte et.

This paper demonstrates the innovative character of the approach to metaethics underlying John Dewey’s pragmatism. Dewey's theory of evaluation is contrasted with one of the most dominant contemporary metaethical theses: constructivism. I show that the insistence placed by metaethical constructivists on the actor’s practical point of view, on the rejection of the subjective preferences model, and on a specific form of ethical antirealism and naturalism echoes some of the most crucial claims made by Dewey. This argumentation leads to my main (...) hypothesis: an analysis of Dewey's conception of evaluation allows us to highlight the groundbreaking character of its metaethical approach—an approach that will be characterized as fairly constructivist. (shrink)

"To think with Nietzsche against Nietzsche." Thus the editors describe the strategy adopted in this volume to soften the destructive effects of Nietzsche's "philosophy with a hammer" on French philosophy since the 1960s. Frustrated by the infinite inclusiveness of deconstructionism, the contributors to this volume seek to renew the Enlightenment quest for rationality. Though linked by no common dogma, these essays all argue that the "French Nietzsche" transmitted through the deconstructionists must be reexamined in light of the original context in (...) which Nietzsche worked. Each essay questions the viability of Nietzsche's thought in the modern world, variously critiquing his philosophy of history as obsessed with hierarchy, his views on religion and art as myopic and irrational, and his stance on science as hopelessly reactionary. Contending that we must abandon the Nietzsche propped up as patron saint by French deconstructionists in order to return to reason, these essays will stimulate debate not just among Nietzscheans but among all with a stake in modern French philosophy. Contributors are Alain Boyer, André Compte-Sponville, Vincent Descombes, Luc Ferry, Robert Legros, Philippe Raynaud, Alain Renault, and Pierre-André Taguieff. (shrink)

Fifty years after the Holocaust, anti-Jewish myths and sentiments are gaining momentum in Europe, the Islamic world, the Americas, and even in Japan. Why? Does hate spring eternal? Seeking an answer to this question, I develop a seven part argument. My aim is to advance what can reasonably be called a "social constructionist" perspective on the kind of antisemitic demonology that is now gaining worldwide currency. My method is to seek clarity by evaluating varying kinds of constructionist claims. Both the (...) strengths and weaknesses of these claims are illuminating for my purposes, as I try to show in connection with writers including Philippe Lacoue- Labarthe, Elisabeth Young-Bruehl, Daniel Goldhagen, and Pierre-Andre Taguieff. My conclusion is that we can best understand antisemitism as an instance of what historian Gavin Langmuir calls "chimeria." Interpreted in the spirit of certain classic texts (by Sartre, Adorno, and Samuel), this notion offers a powerful starting point for further inquiry. To illustrate the promise of this approach, I close with an interpretation of the current, global antisemitic revival as an expression of anti-Jewish chimeria. (shrink)

En parlant des rapports entre la Nouvelle Rhétorique et la France, Pierre-André Taguieff décrivait la situation comme celle d'un rendez-vous manqué. En parlant des rapports entre la philosophie pérelmanienne et la philosophie anglo-saxonne, il faut surtout parler de rendez-vous clandestins. Car dans l'ensemble, ces rendez-vous divers sont d'autant plus évidents qu'ils témoignent sans doute de l'influence réelle d'une philosophie. D'une philosophie dont on retrouve, dans le milieu anglo-saxon, un «air de famille» mais sans que Chaïm Perelman ne soit (...) expressément nommé. (shrink)

" Faire d'Aristote un Aufklârer serait méconnaître ce qu'il y a en lui de religiosité authentique, cette intuition de la transcendance et du chorismos, qui sont la raison profonde de sa prudence spéculative. Faire d'Aristote un tragique serait méconnaître cette confiance en l'homme, en sa recherche et en son action, qui tranche sur les lamentations du chœur de la tragédie et sur une certaine résignation socratique et, avant la lettre, stoïcienne. Mais Aristote exalte l'homme sans le diviniser ; il en (...) fait le centre de son éthique, mais il sait que l'éthique n'est pas ce qu'il y a de plus haut, que Dieu est au-delà des catégories éthiques, ou plutôt que l'éthique se constitue dans la distance qui sépare l'homme de Dieu. Livré à ses seules forces par un Dieu trop lointain, qui est suffisamment visible pour être désiré, mais se tient trop à distance pour être possédé, l'homme est en butte, dans la région du monde qu'il habite, à un hasard qu'il ne peut entièrement dominer. Ou plutôt la vie de l'homme se meut entre deux hasards : le Hasard fondamental de la naissance, qui fait que la bonne nature n'est pas également partagée ; le hasard résiduel de l'action, qui fait que les résultats ne sont jamais tout à fait prévisibles. Mais le hasard de la naissance est le hasard résiduel de l'action divine, et la grandeur de l'homme consiste, en prolongeant par la prudence l'action d'une Providence défaillante, à reculer le plus possible les limites de l'imprévisible et de l'inhumain. " Pierre Aubenque. (shrink)

"This volume assembles twelve texts published between 1892 and 1915.... The editors allow one to see the genesis of the ideas of Duhem, philosopher and historian, of the variety of his styles, and sometimes also the limits of his work.... A useful index, probably unique in the field of Duhemian studies, completes the book.... The English-language public may be assured an exemplary translation and a reliable critical apparatus." --Jean Gayon, _Revue d'Histoire des Sciences_.

Like other members of the Vienna Circle, Carnap criticized traditional philosophy for its lack of clarity and precision, as is well-know from such papers as "The elimination of metaphysics through the logical analysis of language" (1932) and many other writings. In 'The Logical Syntax of Language' (1934), while still entertaining the idea that, in some sense, metaphysics is nonsense, Carnap's critique of philosophy is based on different grounds and aimed at different authors. In this book, his critique of philosophy actually (...) takes the form of an attempt at a reconstruction of philosophy on a new basis. I shall try to examine this attempt and to show why it fails. I shall also try to show how Carnap's thought evolved on this point in later writings, in particular in "Empiricism, Semantics, and Ontology" (1950). (shrink)

Some common notions about analytic philosophy - that it is uniformly anti-metaphysical or indifferent to the history of philosophy - are clearly misconceived. However the impression that analytic philosophers are essentially linguistic philosophers is not entirely false and hence less easy to refute.

1. ptie. La nature des choses -- 2. ptie. La réalité mentale -- 3. ptie. La vie affective -- 4. ptie. La condition humaine -- 5. ptie. Les voies de la libération.