S’il est un mot que le 21ème siècle semble avoir rayé de son vocabulaire, c’est bien celui d’« utopie ». De quelle manière peut-on encore aujourd’hui convoquer les utopies, est-ce seulement possible ? Évoquer les utopies en 2010, c’est d’une certaine manière assumer une position doublement sceptique. C’est en effet s’ancrer dans un scepticisme face au présent et tourné..

The Chinese rites controversy is typically characterized as a religious quarrel between different Catholic orders over whether it was permissible for Chinese converts to observe traditional rites and use the terms tian and shangdi to refer to the Christian God. As such, it is often argued that the conflict was shaped predominantly by the divergent theological attitudes between the rites-supporting Jesuits and their anti-rites opponents towards “accommodation.” By examining the Jesuit missionary Kilian Stumpf's Acta Pekinensia—a detailed chronicle of the papal (...) legate Charles-Thomas Maillard de Tournon's 1705–6 investigation into the controversy in Beijing—this article proposes that ostensibly religious disputes between Catholic orders consisted primarily of disagreements over ancient Chinese history. Stumpf's text shows that missionaries’ understandings of antiquity were constructed through their interpretations of ancient Chinese books and their interactions with the Kangxi Emperor. The article suggests that the historiographical characterization of the controversy as “religious” has its roots in the Vatican suppression of the rites, which served to erase the historical nature of the conflict exposed in the Acta Pekinensia. (shrink)

Alors que se développe un nouveau matérialisme dans la théorie sociale contemporaine qui prétend dépasser les apories d’un dualisme cartésien dans lequel seraient prises les sciences sociales modernes par une ontologie relationnelle et processuelle d’actants posthumains, nous nous tournons vers l’ontologie de l’agir qu’élabore Marx dans ces écrits philosophiques pour souligner qu’un tel dépassement a déjà été effectué, mais sur des bases radicalement différentes. L’étude de l’ontologie de l’agir, inspiré des travaux interprétatifs de Fischbach, débouche sur un ensemble de thèses (...) concernant 1. la nature de l’être de l’agir, 2. sur son essence sociale, 3. la nature de l’objectivité de la pratique, 4. le clivage de cet être dans la société capitaliste comme fondement de l’aliénation, 5. la conflictualité qui résulte de ce clivage et son historicité. Ensuite nous proposons un élargissement de l’ontologie de l’agir à travers une mise en dialogue entre la théorie du symbolique et de la pratique sociale de Michel Freitag et le matérialisme pratique de Marx sur chacun de ses enjeux ontologiques. Il en résulte les linéaments d’une critique matérialiste du nouveau matérialisme posthumaniste à partir de cette compréhension élargie de l’ontologie de l’agir. (shrink)

Sans la mort, arche du rien, exit, avec la philosophie, la question fondamentale de la métaphysique : pourquoi y a-t-il quelque chose et non pas plutôt rien? Depuis son commencement, la philosophie n’a cessé de s’affronter à la mort, n’a cessé d’essayer de la penser, hésitant entre un memento mori et un memento vivere. Mais se demander si la pensée de la mort nous invite à la jouissance ou à l’abnégation et si on peut apprendre à mourir sont peut-être questions (...) oiseuses et indécidables. Pour sortir de cette indétermination, il faut sortir du cercle de la morale, distinguer d’abord le pur fait contingent de la mort, du mourir lui-même comme structure de l’existence humaine et reconnaître à la fois que, si nous ne cessons de lutter contre la mort et si, le plus souvent, nous lui tournons le dos, nous sommes, à elle, adossés et que, sans elle, nous ne ferions rien. (shrink)

L’objet de cet article est de se demander comment les assistantes sociales de l’entre-deux-guerres envisagent les enjeux de la relation de care qui les lie aux usagers des services sociaux. Les assistantes ont en effet un rôle double : prendre soin des familles populaires mais aussi les surveiller et les contrôler. Comment concilient-elles ces impératifs paradoxaux en cherchant la « bonne distance » avec leur public? Pour répondre à cette question, nous nous tournons vers les archives de la formation professionnelle. (...) En effet, les écoles de service social contribuent à définir les attentes de la relation de care et à établir le cadre dans lequel prennent place ces interactions. Nous nous penchons dans un premier temps sur le discours de la vocation chez les postulantes au métier d’assistante, puis sur la manière dont la formation professionnelle régule ces aspirations. Nous concluons sur la force de la notion de care, qui permet de penser l’imbrication entre rapports de domination et bienveillance envers autrui. (shrink)

To improve on the argument presented by classical economists, many authors have tried to rely as much as possible on a value-free approach. In this paper, reasons to reject the propositions made by neoclassical economists are briefly recalled. We then turn toward Kirzner’s proposition which is to evaluate a policy, or a rule, according to the extent to which it promotes coordination. This proposition, however, must also be rejected because, if it introduces some dynamics in the picture, it is a (...) dynamics towards equilibrium, while real life, entrepreneurial dynamics can either be towards coordination or discoordination. Coordination is not monotonously linked to progress. It therefore appears preferable to rely on Hayek’s notion of order; a notion specifically designed to allow progress to take place, while maintaining a ‘satisfactory’ level of coordination. For such an order to prevail, any rule or policy deliberately introduced must be compatible with the existing order, that is, it must protect legitimate expectations. Following a reflection on the definition of ‘legitimacy’ we then reach the conclusion that the quest for a value-free welfare economics is lost, and that even the quest for a value-free economics will have, in a certain sense, to be left, or at least reconsidered.Afin d’améliorer l’argument présenté par les économistes classiques, beaucoup d’auteurs ont essayé de se reposer autant que possible sur une approche sans jugements de valeur. Dans cet article, nous rappelons brièvement les raisons de rejeter les propositions faites par les économistes néoclassiques. Nous nous tournons donc vers la proposition de Kirzner qui est d’évaluer une politique, ou une règle, par rapport à la manière dont elle promeut la coordination. Cependant, cette proposition doit aussi être rejetée car si elle introduit une dynamique dans l’analyse, c’est une dynamique du côté de l’équilibre, alors que dans la vie réelle, la dynamique entrepreneuriale peut initier plus de coordination ou plus de discoordination. La coordination n’est pas liée de manière monotone au progrès. Il apparaît aussi préférable de se rattacher à la notion d’ordre de Hayek, notion construite précisément pour permettre au progrès d’avoir lieu, tout en maintenant un niveau “satisfaisant” de coordination. Pour qu’un tel ordre existe, toute règle ou politique délibérément introduite doit être compatible avec l’ordre existant, c’està- dire, qu’elle doit protéger les anticipations légitimes. Après une réflexion sur la définition de “légitimité”, nous arrivons à la conclusion que la quête d’une science économique du bien-être sans jugement de valeur est un échec, et que la quête d’une science économique sans jugement de valeur doit être, dans un certain sens, abandonnée ou au mieux reconsidérée. (shrink)

« C’est seulement lorsque, pensant, nous nous tournons vers ce qui fut déjà pensé, que nous sommes rendus disponibles en retour pour ce qui est encore à penser ». M. Heidegger, Der Satz der Identität (GA 11, p. 50). Les textes réunis dans ce numéro des Cahiers philosophiques de Strasbourg sont issus d’un colloque tenu à Strasbourg dans le cadre de l’axe de recherche Philosophie allemande & philosophie ancienne du Centre de recherches en philosophie allemande et contemporaine (CREPHAC, EA 232...

In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:Reviewed by:Critical Tales: New Studies of the Heptaméron and Early Modern CultureDora E. PolachekCritical Tales: New Studies of the Heptaméron and Early Modern Culture, edited by John D. Lyons and Mary B. McKinley; xii & 296 pp. Philadelphia: University of Pennsylvania Press, 1993, $36.95.What a difference a decade can make. In 1983 H. P. Clive’s slim Marguerite de Navarre: An Annotated Bibliography made pointedly clear the marginal position of (...) this author in the French Renaissance literary canon, and the relative obscurity of her Heptaméron (there were less than 200 entries dealing with her unfinished collection of stories that first appeared in 1558). The 500th anniversary of Marguerite’s birth in 1992 brought with it a remarkable outpouring of reflections on this neglected masterpiece. Critical Tales ranks among the best of such undertakings. Eclectic in its approach, the volume comprises fifteen articles by scholars whose analyses advance the reader’s appreciation of the Heptaméron in all “its inexhaustible complexity” (p. 279).As complex as Marguerite’s tales may be, Lyons and McKinley have done an admirable job making their volume’s contents as accessible as possible to the growing number of scholars interested in the work both as text and as important artifact in the history of the evolution of narrative. All the articles are in English (with three translated from French). Citations from the Heptaméron appear in French, but for each, the editors include the corresponding page numbers in the most accessible English translation. In addition to a selected bibliography, the volume provides a useful index.The volume’s introduction presents the dominant issues, as well as a sketch of each article’s vantage point. The editors then divide the book into three sections: “Generic Transformations and Graphic Transgressions” (with articles by Robert D. Cottrell, Hope Glidden, Marcel Tetel, Donald Stone, and Tom Conley); “Narrative Systems and Structures” (with articles by Michel Jeanneret, Cathleen M. Bauschatz, François Cornilliat and Ullrich Langer, McKinley herself, Philippe de Lajarte, and André Tournon); “Character and Community” (with articles by Daniel Russell, François Rigolot, Paula Sommers, and Edwin M. Duval). The epilogue that follows, by virtue of its length and quality, could easily be considered the sixteenth article in the collection. It shows how these heterogeneous pieces relate to issues of narrative and narrative theory.Just how radical an upheaval did the Reformation cause? The contributions bear witness to the major changes in ways of thinking and writing that played themselves out even in secular texts. The theological tensions caused by the evangelical movement are evident in all three sections of the volume, and the introduction will lead readers to the relevant essays. Among them, Rigolot’s striking allegorical reading of novella 32 in terms of “The Magadelen Controversy” (i.e., was she really one person or a conflation of three different women?) demonstrates why the discoveries of the intellectually driven philological projects of such humanists as Lefèvre d’Etaples posed such pragmatic [End Page 392] quagmires for the late medieval church. Another piece likely to cause discussion is Duval’s “Et puis, quelles nouvelles?” His lexical findings on the Renaissance meaning of nouvelle lead him to conclude that the ten characters assembled at Saint-Serrance “do no tell tales” but rather “report news” (p. 245). For Duval the evangelical resonances of the “Good News” highlight the fundamental philosophical dilemma in the discussions of the frame story characters: how to reconcile living in the world of news while still abiding to the Word of the Good News.For articles more specifically on narrative theory, readers will benefit from the epilogue by using its insights and directional signs to locate those essays particularly relevant to their interests. Among these, two focus on the interplay between the revolution in printing and narrative strategies. In “Modular Narrative and the Crisis of Interpretation,” Jeanneret shows how the short tale structure of the Heptaméron was part of an important Renaissance trend favoring creation of “modules,” defined as moveable segments of discourse that could be reassembled and put to other uses, while at the same time allowing for the intercalation of commentary. In his “The Graphics of... (shrink)