[Paris]: Flammarion (
1995)
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Abstract
Des deux fonctions du médecin, soigner le corps et panser l'âme, la seconde est restée jusqu'au XVIIIe siècle prédominante : on pouvait seulement donner au malade le sentiment qu'il n'était pas abandonné, qu'on luttait avec lui pour obtenir sa guérison. Au début du XIXe siècle, la science, en apportant à la fois des connaissances et une méthode, a permis la naissance de la médecine moderne. Débarrassé des idées reçues et des creuses spéculations, le médecin s'est mis à confronter les signes cliniques avec les lésions anatomiques puis avec les données biologiques, pour définir et classer les affections une à une. Démarche d'une prodigieuse efficacité : en deux siècles, l'espérance de vie est passée de vingt-sept à soixante-dix-sept ans. Mais ces progrès ont fait négliger l'aspect psychologique de la santé. Drogues licites et illicites, maladies sexuellement transmissibles, accidents, suicides : la mortalité des jeunes augmente aujourd'hui. Alors que la victoire semblait à portée de main, le médecin découvre qu'un corps ne petit être sain si l'esprit est malade. Devant le mal-être contemporain, en conservant la rigueur intellectuelle et méthodologique qui lui a valu ses succès, la médecine individuelle et curative doit aussi devenir collective et préventive, tenir compte d'une nouvelle donne économique et sociologique.