Abstract
Cet article vise à interroger l’ambivalence de la notion d’exercice dans le champ artistique, et à en assurer l’intelligibilité par une phénoménologie de la formation de l’habitude. On mettra donc d’abord en lumière le lien essentiel liant l’exercice à l’habitude, et à l’équivoque de cette notion. On cherchera ensuite à interroger la genèse de l’habitude comme structure transcendantale de la visée intentionnelle avant d’entreprendre une phénoménologie de l’acquisition du geste habituel à travers une critique des descriptions du geste chez Henry. On concevra ainsi l’habitude comme la fixation d’un « horizon de potentialité » qui permet la constitution de l’objet et conditionne de cette manière la perception. Cette phénoménologie vise à mettre en évidence le caractère acquis et contingent des habitudes perceptives, afin de concevoir l’exercice en art comme une pratique de renforcement, de subversion et de génération de telles structures habituelles. On exposera enfin la possibilité de cette pratique en montrant que la formation de nouveaux gestes repose ultimement sur un conditionnement affectif. La possibilité de l’art est ainsi conçue, non pas dans un « désintéressement », mais dans un « intérêt flottant » permettant un renouvellement de la perception dans lequel l’habitude joue un rôle clef.