Abstract
La théocratie hébraïque est un système unique de croyances, de conduites et de rites, qui a favorisé la cohésion du peuple et le consentement aux règles de la vie commune. Il est vrai que le régime dit théocratique des Hébreux n’est pas une simple illusion rétrospective, propre à tous ceux qui veulent appuyer le pouvoir politique sur l’illusion d’une intervention directe de Dieu dans les affaires de l’État. En effet, la théocratie juive, qui a effectivement existé dans les limites de deux siècles environ, ne déroge pas, dans l’analyse qu’en livre Spinoza, à la thèse que tout pouvoir politique est immanent à la puissance de la multitude, puissance dont il provient et puissance à laquelle il conduit. Le pouvoir qu’a institué Moïse, ni monarchique, ni aristocratique, ni populaire, est une forme faible de démocratie instituée, où le pouvoir, dit appartenir à Dieu, n’appartient de fait à aucun homme. C’est en ce sens que la Loi apparaît comme l’altérité des prescriptions mêmes de la raison, dans des conditions historiques déterminées.