De verstandelijke kennis Van het materieel-singuliere in de philosophie Van st. Thomas
Abstract
S. Thomas affirme que nous ne connaissons le singulier matériel que par une « conversio ad phantasmata » , donc de manière indirecte et réflexive, par opposition à l'universel qui est objet de connaissancne directe. On peut dès lors se demander comment l'intelligence atteindra le phantasme, qui est, lui-aussi, singulier et matériel. Les textes qui concernent ce point présentent des divergences qu'il n'est pas possible d'expliquer par une évolution historique. Aussi les commentateurs anciens et modernes n'ont-ils pas trouvé de solution à ce problème. Une vue synthétique de l'anthropologie thomiste permet seule de répondre à la question. Un principe fondamental de cette anthropologie est que l'âme est essentiellement ordonnée à la matière, et le corps à l'âme. Si on applique ce principe aux facultés cognitives, il faudra dire que l'intelligence a besoin du sensible et que le sensible chez l'homme possède, en raison du contact avec l'intelligence, une perfection qui est absente chez l'animal. Le sensible sera « présent » de la sorte à l'intelligence réfléchissante, qui se rend présente à elle-même en même temps qu'à sa relation au sensible. Le terme « reflexio » garde ici sa signification originale de « connaissance de soi ». Cette connaissance de soi atteint le singulier matériel dans le phantasme, c'est-à-dire dans une détermination de la sensibilité interne qui renvoie intentionellement à l'objet. Ainsi la réflexion est une connaissance intellectuelle de l'objet matériel. Nous pourrions parler d'une connaissance intellectuelle-sensible du singulier matériel pour désigner ce que vise S. Thomas, en disant, que l'intellect connaît le singulier matériel par réflexion à la sensibilité et au phantasme. L'imprécision des textes thomistes provient des multiples renvois à Aristote, dont l'anthropologie diffère considérablement de celle de S. Thomas