Abstract
Les femmes occupent dans les récits des guerres civiles de Rome une place importante, parfois présentée sous un jour favorable. Le fait peut surprendre, dans une société aussi patriarcale et dans des récits tournés vers l'exaltation d'une tradition on ne peut plus virile. On y dénonce les aventurières, telle Sempronia, qui entourent, dans les troubles du Ier s. av. J.-C., les adversaires de la République, et au premier rang un Catilina. Mais l'« audace toute virile » qui leur est prêtée, si elle représente dans leur cas une perversion, une inversion des valeurs condamnée sans réserve, peut ailleurs se réclamer d'exemples plus nobles. Trois exemples positifs et plus ou moins légendaires (les Sabines, Lucrèce, Claudia Quinta), un contre-exemple historique (les Bacchantes) illustrent la manière dont les « rôles » féminins de la fin de la République s'adossent à une tradition aussi riche que nuancée. Finalement, si la femme sait se mettre au service de la famille et de la cité, sa capacité d'initiative représente une chance de salut pour tous. Tel est l'exemple proposé par la « matrone inconnue » dans l'éloge funèbre qu'a fait graver dans le marbre, au temps de Cicéron, un époux admiratif et reconnaissant