Abstract
La « lecture naïve », ou « ordinaire », lecture de divertissement, empathique, lors de laquelle le lecteur s’investit émotionnellement dans le texte, s’identifie aux personnages, porte des jugements moraux sur eux, est souvent considérée, dans les études littéraires, comme illégitime et inauthentique : on lui oppose la « vraie » lecture, ou encore « lecture savante », distanciée, dans laquelle le lecteur ne cède pas à « l’illusion référentielle », mais considère le texte comme une machine à produire des effets et n’ayant pas de fin extérieure à lui-même. On attribue souvent à Platon la paternité de cette méfiance envers l’illusion référentielle. Il s’agit de montrer que se dégage du Phèdre une conception de la lecture qui est bien plutôt du côté de la lecture « naïve », et, par conséquent, une invitation à lire les Dialogues en « lecteur naïf », qui est aussi, pour Platon, le lecteur véritablement philosophe.