Abstract
Franz Rosenzweig dans L’Étoile de la Rédemption cite le Faust de Goethe dans la première partie, quand il décrit la descente au Prémonde en utilisant l’expression « Monde des Mères » – évoqué par Méphistophélès en tant que lieu où habite la belle Hélène ; dans la seconde partie, quand il donne une interprétation du Cantique des Cantiques en utilisant le mot Gleichnis, métaphore – le même mot qui apparaît à la fin du chant du Chorus Mysticus qui sauvera l’âme de Faust ; et dans la troisième partie, quand il considère l’aspiration à l’immortalité et à l’infini de Faust, bien que vivant sur terre, en tant qu’esprit de la prière. L’article analyse les contextes et les finalités de ces trois citations. Il montre comment Rosenzweig est débiteur à son maître Hermann Cohen de sa vision de Goethe en tant que panthéiste, c’est‑à-dire défenseur d’une fusion entre la vie et l’esprit qui est caractéristique du christianisme des xix e et xx e siècle, identifié avec la vraie réalisation de l’évangile de Jean. Et pourtant, selon Cohen et Rosenzweig, Goethe a été profondément influencé par la Bible hébraïque : la conclusion présente ce dernier thème comme exemple d’une relation féconde entre Deutschtum et Judentum, christianisme et judaïsme.