Abstract
Résumé À l’encontre d’une école récente d’interprétation qui tend à voir dans les Essais de Montaigne une pensée du renoncement à toute maîtrise de l’action, nous voulons montrer qu’il y a chez lui une authentique pensée de la prudence. Si les références aristotéliciennes et stoïciennes sont sollicitées par Montaigne, il reste que le caractère mouvant et imprévisible de la fortune ainsi que la part de fortuit inscrite dans l’être l’obligent à redéfinir les contours de la notion traditionnelle de prudence. À un premier niveau de prudence qui consiste à savoir agir dans le monde s’ajoute un second niveau, qui consiste à savoir se préserver face aux sollicitations du monde. Montaigne inaugure ainsi une pensée moderne de la prudence, qui trouvera, mutatis mutandis, une expression contemporaine chez Hannah Arendt, Georg Gadamer et Paul Ricœur.