Passivité et altérité: la lettre de Husserl à Lévy-Bruhl
Abstract
La dixième (et dernière) des études qui composent en 1990 le livre de Paul Ric?ur, Soi-même comme un autre , met vigoureusement l?accent sur l?altérité dans son lien intrinsèque à la passivité. Selon l?expression de Ric?ur, la passivité offre « le répondant phénoménologique » 1 de la méta-catégorie spéculative de l?altérité. Dans Soi-même comme un autre , l?attestation phénoménologique de l?altérité dans l?expérience de la passivité prend trois figures que Ric?ur énumère : en premier lieu, celle du corps propre ou de la chair ; celle de la passivité dans la relation à autrui, ensuite ; celle, enfin, « la plus dissimulée », du rapport de soi à soi-même correspondant à la conscience au sens de Gewissen . Mon exposé sera centré sur la deuxième de ces figures. Il rapportera à la constitution d?autrui dans la V e Méditation cartésienne de Husserl, la lettre que celui-ci, quelques années plus tard, adressa à Lucien Lévy-Bruhl. Il y va en effet dans cette lettre de l?extension à d?autres sociétés de ce que Natalie Depraz a judicieusement cerné, à propos de la V e Méditation cartésienne , comme « la dynamique passive du couplage originaire » 2 . Paul Ric?ur et la V e Méditation cartésienne de Husserl Le pari que Husserl relève dans sa V e Méditation cartésienne est de chercher à constituer autrui à partir de la sphère du moi. L?altérité d?autrui se constitue