Abstract
Dans les dix premières années d’un siècle, le vingtième, qui a connu une double explosion théorique, celle d’une logique dite «mathématique» et d’une philosophie dite «analytique», un jeune homme au cœur de cette double explosion lutta sans relâche pour sauver la logique encore naissante d’une grande menace, la menace de ces paradoxes dont l’un, le plus profond, porte encore son nom. L’histoire de la logique a bien sûr clos ce vieux chapitre depuis longtemps, elle qui nous a appris que ce père fondateur, Bertrand Russell, aurait inventé au terme de cette décennie une théorie des types qui serait son grand succès, succès bien relatif puisqu’un manque de lucidité ne lui aurait pas permis d’accéder à une distinction cruciale séparant, au cœur de la menace citée, les paradoxes logiques de certains paradoxes extralogiques, l’obligeant ainsi par deux fois à abandonner des théories cohérentes pour résoudre ces paradoxes sémantiques, et ce au profit d’une ramification ad hoc au regard, entre autres, de la si claire distinction tarskienne des niveaux de langage. In fine, la seule légitimation possible de cette ramification présupposerait l’abandon du réalisme et l’identification des objets abstraits à des constructions mentales.