This paper examines the Buddhist’s answer to one of the most famous (and more intuitive) objections against the semantic theory of “exclusion” ( apoha ), namely, the charge of circularity. If the understanding of X is not reached positively, but X is understood via the exclusion of non-X, the Buddhist nominalist is facing a problem of circularity, for the understanding of X would depend on that of non-X, which, in turn, depends on that of X. I distinguish in this paper (...) two strategies aiming at “breaking the circle”: (i) conceding the precedence of a positive understanding of X, from which a negative understanding (i.e., the understanding of “non-X”) is derived by contrast, and (ii) denying any precedence by proposing a simultaneous understanding of both X and non-X. I consider how these two options are articulated respectively by Dharmakīrti in his Pramāṇavārttika cum Svavṛtti and by one of his Tibetan interpreters, Sa skya Paṇḍita, and examine the requirements for their workability. I suggest that Sa skya Paṇḍita’s motivation to opt for an alternative solution has to do with his criticism of notions shared by his Tibetan predecessors, an outline of which is given in Appendix 1. In Appendix 2, I present the surprising use of the charge of circularity by an early Tibetan logician against his coreligionists. (shrink)

La question de l’appropriation sociale de la technique dans la vie quotidienne semble d’autant plus entière qu’elle émerge à un moment de notre histoire où dominerait une posture critique faisant de la machine le vecteur de standardisation du temps, des objets et des relations humaines. Il faut pourtant savoir se rendre attentif à des situations autres, dans l’ordre du banal, notamment dans toutes ces technologies de communications, pour lesquelles il faut bien admettre cette capacité de connectivité et de mise en (...) relations, avec ses potentiels sociaux parfois inattendus. (shrink)

Consacrés à une histoire des rapports hommes-femmes dans le monde ibérique aux xviie et xviiie siècles, ces deux ouvrages d’Alessandro Stella se fondent sur des sources ecclésiastiques de nature judiciaire. Le premier est écrit à partir d’actes de procès provenant du tribunal épiscopal de Cadix, le second s’appuie sur les rapports de procès (relaciones de causa) issus du tribunal de l’Inquisition de Mexico. La nature même de ces sources qui ne portent que sur les relations conflictuelles entr...

La production sur l’histoire de la maternité en Afrique souffre d’un puissant paradoxe : on y distingue très peu d’études systématiques, alors même que tout le monde s’accorde à dire que la maternité est un passage obligé (et consenti) pour les Africaines. Il n’est guère d’ouvrages sans paragraphe expliquant que le statut et la place des femmes dans leur société sont largement déterminés par leur fécondité ; que plus elles ont d’enfants, mieux elles sont considérées ; que d’ailleurs la stéril...

Avec Conjugal Rights, Rachel Jean-Baptiste offre une contribution marquante et bienvenue à l’histoire de la sexualité et de la conjugalité au Gabon, pays qui fait trop souvent figure de parent pauvre de l’historiographie sur l’Afrique. L’ouvrage se décline en sept chapitres et deux parties chronologiques, au demeurant inégales : deux chapitres pour la première, comprise entre 1848 et 1929 ; et cinq chapitres pour la seconde, qui couvre les années 1930-1960. Trois de ces chapitres avaient d’ai...

Depuis le xixe siècle, l’authenticité est devenue une valeur éminente des mondes de l’art et, plus généralement, elle a conquis une place élevée dans le panthéon contemporain des valeurs. Il n’en a pourtant pas toujours été ainsi, loin s’en faut. Lorsqu’à la Renaissance, les vestiges architecturaux et la statuaire de l’Antiquité romaine devinrent l’objet d’une admiration et d’une vénération inédites, François Ier fit réaliser des moulages des antiques de Rome les plus célèbres ; au xviie sièc...

L’ultime œuvre d’art, c’est la planète. John Cage Le paradoxe contenu dans l’affirmation de Cage selon laquelle « l’ultime œuvre d’art, c’est la planète », tient à ce qu’elle assimile deux choses ordinairement tenues pour distinctes : l’œuvre d’art d’une part, et la nature de l’autre, qui s’opposent comme le produit s’oppose au phénomène, la création à la nécessité, l’objet d’une intention au résultat d’un processus aveugle. Comme l’écrivait Aristote, l’art crée des choses « dont le principe...

Ce dossier est consacré à mettre en lumière un pan largement oublié de l’esthétique française : celle du xix e et du début du xx e siècle, et plus précisément les doctrines qui relèvent d’une métaphysique du beau. Cette présentation se donne pour tâche de contextualiser ces dernières en traçant à grands traits le panorama vaste et complexe des écrits qui, dans le champ français de ce siècle long, relèvent de l’esthétique et de la philosophie de l’art. Elle montre que (...) ce moment fut celui d’un vif débat entre les esthétiques dites « d’en haut » et les esthétiques « d’en bas », autrement dit, entre les auteurs prônant une scientifisation de l’esthétique et ceux pratiquant des formes variées de métaphysique du beau. Elle permet de comprendre que s’y sont jouées par conséquence des définitions variables de la discipline « Esthétique ». (shrink)

A l'entree de l'age classique, la definition traditionnelle des passions qui a encore largement cours dans les innombrables traites sur le sujet, est devenu intenable. La disparition de l'ame sensitive et la reconsideration du concept de mouvement interdisent desormais de penser les passions comme des mouvements de l'ame sensitive. Le Traite des passions de Descartes nait du projet de renouveler completement leur etude, porjet dont il faut etudier la genese, et notamment l'episode a cet egard decisif, de la correspondance avec (...) Elisabeth. Mais qu'en est-il de la realisation de ce projet? Pour apprecier la nouveaute introduite par Descartes dans le traitement de la question, il faut brosser a grands traits la toile de fond sur laquelle ce discours se detache, c'est-a-dire exposer la doxa sur les passions qui a cours a l'epoque, et qui est tissee d'un reseau complexe d'heritages, principalement thomiste, galenique, stoicien et augsutinien. L'analyse du Traite joint a cette mise en perspective, permet de voir que ce texte a la fois tres court et tres complexe, dont on a souvent souligne les incoherences, est constitue non pas d'un, mais de deux discours. L'un declare et appuye, issu d'un reve de la raison, et qui est celui des passions; l'autre plus discret et presque clandestin, beaucoup moins eloigne du discours de la doxa, et qui contredit les pretentions du premier d'avoir raison des passions en rendant raison. (shrink)

Ce volume, dirigé par une spécialiste de l’histoire croisée de la sexualité et de l’Empire britannique, fait partie d’un vaste ensemble éditorial, commencé à la fin des années 1990 et sans doute amené à s’étoffer encore : la magistrale collection intitulée Oxford History of the British Empire. Le cœur de l’entreprise éditoriale est constitué de cinq volumes principaux, dont quatre organisés chronologiquement et le dernier portant sur l’historiographie. Mais l’esprit de cette collection étant...

L'objet de cet article est de mettre au jour l'évolution historique et la logique ayant présidé au nihilisme affectant l'art contemporain. Comment la valeur marchande des oeuvres d'art a-t-elle été conduite à supplanter leur valeur esthétique ? En grande partie à cause de la disparition de toute forme de critique artistique fondée sur des normes académiques idéales à partir desquelles il est possible de juger de l'excellence d'une oeuvre comme objet esthétique : « au plaisir de l'aisthésis a succédé le (...) plaisir tout intellectuel de la reconnaissance et de l'identification ». En proposant un rapide historique de l'évolution des systèmes d'organisation de la vie artistique du Moyen-âge à l'avènement du marché de l'art à la fin du XIXe siècle, l'auteur met au jour la logique et les mécanismes ayant conduit à une radicalisation de l'hétérogénéité de la valeur artistique et de la valeur marchande des oeuvres d'art dans l'art contemporain. (shrink)

The Tibetan Buddhist logician Phya pa Chos kyi seng ge devoted a large part of his discussion on argumentation to arguments by consequence. Phya pa distinguishes in his analysis arguments by consequence that merely refute the opponent and arguments by consequence that qualify as probative. The latter induce a correct direct proof which corresponds to the reverse form of the argument by consequence. This paper deals with Phya pa’s classification of probative consequences based on the type of the logical reason (...) involved. I first establish the basis of Phya pa’s classification—the typology of logical reasons in inference-for-oneself—with a special attention to logical reasons consisting in the ‘apprehension of something incompatible [with the negandum]’ and among them the specific case of the ‘apprehension of the cause of something incompatible [with the negandum]’. The treatment of the latter is shown to be instrumental in Phya pa’s classification, as well as in explaining the divergences that occur in the models adopted by his successors, such as gTsang nag pa brTson ʾgrus seng ge and mTshur ston gZhon nu seng ge. Turning to Phya pa’s effective application of this typology when he resorts himself to arguments by consequence, I examine Phya pa’s rephrasing, in the form of four arguments by consequence, of the discussion on the relation between the two realities found in the Saṃdhinirmocanasūtra and relate it to a parallel discussion in an earlier Madhyamaka work by rGya dmar ba Byang chub grags. I compare the variant versions of these four arguments in three Madhyamaka works of Phya pa and show that the differences pertaining to the identification of the type of the logical reason result from apparently insignificant variations in the formulation of each of the arguments. In the conclusion, I discuss the potential philosophical or practical interest of such a classification. (shrink)

In search of general generative principles I start from the postulate of a reality which comprises both materialistic and psychic aspects. This overall reality, described by others as the world of archetypes, is not directly accessible to sensory perception. Yet, by studying archetypical manifestations, it is possible to distinguish different structures or generative principles in it. Comparison of three models, which depict developmental processes in different disciplines, shows that they have the same basic structure. The effects of the archetypes involved (...) can be described as four general generative principles: 1st the principle of wholeness (connection and integration of conflicting opposites), 2nd the principle of complementation and compensation (periodic change of opposite influences); 3rd the enstructuring principle (relative stability or spatial aspect of a manifest structure), and 4th the principle of gesture (change or temporal aspect of that structure). (shrink)

The works of the Tibetan logician Phya pa Chos kyi seng ge (1109–1169) make abundant use of a particular type of argument that I term ‘argument by parallels’. Their main characteristic is that the instigator of the argument, addressing a thesis in a domain A, introduces a parallel thesis in an unrelated domain B. And in the ensuing dialogue, each of the instigator’s statements consists in replicating his interlocutor’s previous assertion, mutatis mutandis, in the other domain (A or B). I (...) show that such a dialogue involves two parallel arguments that develop in an intersecting zigzag pattern, and discuss the principles involved in the establishment of the conclusion from the perspective of parity of reasoning and analogical argument. I examine the overall rhetorical strategy directing the use of arguments by parallels and the pedagogical and explanatory functions they can serve. I also evaluate the plausibility of their use in Phya pa Chos kyi seng ge’s works mirroring a contemporary practice of oral debate, and reflect on the status of such arguments in the framework of Indo-Tibetan logic. (shrink)

Il s’agit de montrer les tensions entre les textes de Diderot visant à proposer une théorie naturaliste du beau – comme les Recherches philosophiques sur l’origine et la nature du beau – et les écrits sur l’art – en particulier les Salons. N’y a-t-il pas contrariété entre cette tentative de naturaliser le beau, et le maintien d’une conception humaniste et morale de l’art? Le terme de « callistique » doit montrer que le beau n’est pas réduit par Diderot à sa (...) dimension seulement esthétique. Pour employer un concept contemporain, le beau est selon Diderot une propriété dispositionnelle. Or, la nature est « bonne et belle quand elle nous favorise », pour reprendre l’expression du Salon de 1767. La naturalisation de la beauté s’avère ainsi le fondement d’une conception humaniste de la peinture apparemment des plus classiques, justifiant une critique éthique de l’art. Le contenuisme diderotien est donc le revers d’une conception dispositionnelle et naturaliste du beau. (shrink)

At the beginning of modern times, taste was seen as a sort of sense of sociability, indistinctly moral and aesthetic. Why, during the eighteenth century did it become exclusively the sense of beauty? To understand this change, this article maintains that we must consider the great revolution, which affected the idea of beauty between the seventeenth and the eighteenth centuries, that is to say the end of the metaphysical conception of beauty. We must analyse the phenomenon of beauty aestheticisation produced (...) by the modern subjectivist, psychological and empirical perspective. The aestheticisation of taste is one of the consequences of the underground ontological revolution, which led to a transformation of the transcendental essences in human values. When beauty is nothing more than beauty, and does not exist without a sensitive experience, one needs a sensitive faculty which enables one to grasp beauty, or more precisely, which gives birth to beauty, seeing beauty as no longer having a proper ontological consistency. (shrink)

Dans le tableau de Lucas Cranach, L’Âge d’or , l’humanité primitive connaît le bonheur non dans une ville mais dans un jardin. Toutefois, l’Ancien Testament, s’il s’ouvre sur le jardin d’Éden, s’achève sur la perspective de la ville, en l’occurrence la Jérusalem nouvelle dont parle Ézéchiel..

Cet article se propose d’analyser une source de l’administration coloniale en Gold Coast au début des années 1930. Rédigée par un responsable du Département médical, elle évoque le mécontentement d’une puis de plusieurs femmes médecins britanniques, affectées à des postes de Protection maternelle et infantile, c’est-à-dire une branche préventive de la médecine, qui les assigne à des tâches de care. Insatisfaites à la fois de leurs conditions de travail et de leurs salaires, ces doctoresses protestent par voie de pétition contre (...) cette affectation systématique en PMI et défient ainsi le consensus de l’époque, qui veut que les femmes aient à la fois des compétences particulières et une vocation naturelle pour ce domaine. (shrink)

This paper examines the modalities and mechanism of text-use pertaining to Indian and Tibetan material in a selection of Tibetan Buddhist epistemological treatises written between the eleventh and the thirteenth century. It pays special attention to a remarkable feature of this corpus: the phenomenon of “repeat,” that is, the unacknowledged integration of earlier material by an author within his own composition. This feature reveals an intellectual continuity in the tradition, and is found even for authors who claim a rupture from (...) their predecessors. Regarding acknowledged text re-use in the form of quotations, I consider which factors condition the identification of the source or the lack thereof, and what role quotations play for the respective authors. In particular, I discuss whether any inference can be drawn, from the presence or absence of quotations, about an author’s knowledge of the corresponding source. (shrink)

Não há dúvida de que uma intenção moral presidiu ou, no mínimo, acompanhou grande parte da arte do passado. Esquecemos suficientemente de falar da arte, em geral, como um domínio em que as considerações éticas não têm lugar e em relação a qual seria inconveniente falar em moral, isso porque belo e bom são valores não apenas distintos, mas independentes, e dentre esses importa conservar-lhes essa independência. Uma visão sensata do estado histórico da questão supõe, no entanto, que tomemos consciência (...) da historicidade dessa posição separatista, ou seja, que, por um lado, esqueçamos por um instante a autonomia e a autotelia da arte ensinada no século XIX e, por outro lado, que nos lembremos da maneira com que os artistas e os pensadores da arte, anterior à invenção moderna das belas-artes, concebiam a prática artística. Nessa longa história pré-moderna da arte, gostaria de examinar mais precisamente aqui as intenções éticas da teoria humanista da pintura e de submeter a um exame crítico a eficácia dessas intenções.Palavras-chave: Efeitos Éticos da Pintura. Teoria Humanista da Pintura. Efeitos Estéticos e Cognitivos da Arte. Résumé:Qu’une intention morale ait présidé ou au moins accompagné une grande partie de l’artdupassé, c’estcequi ne fait aucundoute. Nous l’avons suffisamment oublié pourparler de l’art, engénéral, comme d’un domaine où les considérations éthiques n’ontpasleurplace et à propos duquel il serait déplacé de parler de morale, aumotif que beau et biensont desvaleurs non seulement distinctes mais indépendantes et dontqu’il importe de leur conservercette indépendance. Une visionsaine de l’état historique de la question suppose pourtant que nous prenions conscience de l’historicité de cette position séparatiste, autrementdit, que d’une part nous ou blions pour un temps l’autonomie et l’autolélie de l’artenseignée par le XIX èmesiècle et d’autrepart, que nous nous rappelions la manière dont artistes et penseurs de l’art d’avant l’invention modernedes beaux-art sont conçula pratique artistique. Dans cette longue histoire prémoderne de l’art, on considérera plus précisément ici les intentions éthiques de la théorie humaniste de lapeinture et l’onsoumettra à unexamen critique lesmoyens de cesintentions.Mots-Clés: ÉffetsÉthiques de laPeinture. ThéorieHumaniste de laPeinture. ÉffetsEsthétiques et Cognitifs de l’art. (shrink)

Dans la langue courante comme dans les textes specialises, l'adjectif - esthetique - est aujourd'hui volontiers utilise comme un parfait synonyme d' - artistique -, comme si la valeur de l'art tenait tout entiere dans la valeur esthetique. Tel est le paradigme esthetique de l'art qui s'est mis en place entre la Renaissance et le XVIIIeme siecle et a, depuis lors, vectorise l'histoire des arts en Occident. Or cette assimilation est doublement reductrice: d'une part parce que l'experience esthetique deborde largement (...) la sphere de l'art, d'autre part parce que la dimension esthetique n'est qu'une des dimensions de l'art. Il s'agit ici de comprendre la genealogie de cette assimilation illicite, d'analyser ses consequences a la fois dans la creation artistique et dans la production theorique qui l'accompagne, et de montrer en quoi elle est a la fois fallacieuse et prejudiciable aux arts.". (shrink)

Daniel Charles est devenu professeur au département de philosophie de l’université de Nice en 1989, apportant avec lui une atmosphère de jovialité, de fantaisie et de hardiesse théorique exceptionnelle et incomparable. Il arrivait du département de musique de l’université de Paris VIII, où le nombre croissant de travaux à diriger et un grand nombre de tâches administratives...