Le but de cet article est d'examiner à fonds les relations qu'il y a entre les données de la science sur la matière et l'énergie, et les notions philosophiques de substance et d'accident. Il s'agit ici spécialement des deux questions suivantes : d'abord, doit-ön appeler vraiment exacte l'expression : « la matière se transforme en énergie » et ensuite : peut-on vraiment dire qu'il n'y ait pas de matière dans l'espace vide d'air ? C'est de propos délibéré que nous avons (...) choisi pour l'étude de ces questions la méthode qui consiste à interroger, autant que possible, les données mêmes de la science. Nous esquissons dès lors rapidement dans la première partie de l'article les théories physiques concernant notre sujet. Puis, dans la seconde partie, nous essayons d'en donner une interprétation. Cette interprétation met en lumière l'intuition plus profonde, qui se cache dans la connaissance du physicien, et qui ne saurait s'exprimer d'une manière achevée dans le cadre de la théorie physique comme telle. Il est nécessaire dès lors de donner une notion exacte de la substance. Tout physicien d'ailleurs tient implicitement compte de cette notion, dès qu'il ne se contente plus seulement des seules formules, mais qu'il y ajoute des explications. On doit toutefois circonscrire avec un soin particulier le sens attaché à la notion de « substance matérielle ». Il ne faudra pas par exemple trop insister sur l'occupation d'une certaine partie de l'espace bien tranchée. On doit aussi éviter une espèce d'anthropomorphisme dans laquelle on attribuerait à la substance matérielle une intériorité ou une indépendance trop grandes. Nous espérons être arrivé ainsi à des conclusions fondamentales sur la notion de la substance matérielle, ainsi que sur la nature de l'espace appelé vide. (shrink)

Peut-être que jusqu'ici dans les recherches philosophiques sur la nature du temps on a attribué trop peu d'attention à la distinction entre « temps » comme catégorie mathématique d'une part, et « temps » comme il est réalisé dans des processus et des périodes d'autre part. Quand on essaie de combler ce vide, on éprouve le besoin d'impliquer dans ses considérations l'apparition fréquente de « nouveauté » et de « commencement ». C'est pourquoi on examine dans la première partie de (...) cet article comment nous nous formons une notion mathématique du temps. Il apparaît que cela se fait en idéalisant la perception des périodes. On s'imagine que l'unité du temps une fois choisie peut être reproduite exactement, et même jusqu'à l'inñni. En outre on s'imagine que chaque période peut être divisée en des intervalles arbitrairement petits. Un instant est pensé comme une limite nette entre le temps qui précède et le temps qui suit ; ici la séparation entre les deux parties du temps est posée comme absolue contre arrière-plan d'un temps dont justement la cohérence est posée comme absolue. C'est ainsi que naît la catégorie du temps comme une possibilité homogène, toujours égale à elle-même pour indiquer des instants indivisibles et pour délimiter des périodes, à savoir une possibilité qui s'étend sans limites des deux côtés de l'instant actuel, aussi bien vers l'avenir que vers le passé. Quand on indique un instant, deux notions contradictoires sont posées en même temps, à savoir une séparation absolue et une cohérence absolue. Dans la physique ce schéma mathématique s'avère extrêmement utile. Pourtant il s'agit de se rendre toujours compte de l'applicabilité défectueuse de ce schéma, de sorte qu'on fasse attention aux complications qui exigent un complément et une correction de la théorie. Quand on applique le même schéma aussi aux processus vitaux et aux événements psychiques, alors l'incohérence entre le schéma mathématique et la succession réelle des périodes se trouve encore plus grande. Dans la deuxième partie on analyse le « commencement ». De la manière la plus originelle un commencement se présente devant nous, quand nous essayons d'avoir une vue d'ensemble de notre propre vie, comme elle se trouve dans notre mémoire. Dans le passé nous rencontrons alors une frontière que nous ne pouvons pas marquer cependant nettement sur une échelle mathématique. Ainsi en analysant chaque commencement on doit distinguer de nouveau soigneusement le commencement dans le domaine mathématique de celui dans l'ordre réel. Le caractère abrupt qui est propre à un commencement « mathématique » se trouve absent dans un commencement « réel ». Dans la troisième partie il est démontré que le temps et le commencement sont inséparablement liés l'un à l'autre. Le temps réel apparaît partout dans des périodes ayant un commencement et ainsi dans un ensemble compliqué de commencement et de permanence. Toutes les totalités dans la nature vivante et dans la nature inanimée, les individus ainsi que les espèces, ont été neuves une fois. Avant ce commencement multiple notre univers a été neuf. Cependant, alors il appert que cette mesure perd son utilité. Lorsque l'univers était encore en gestation, notre temps, lui aussi, avec sa mesure était en formation. C'est pourquoi une localisation exacte du commencement de l'univers sur l'échelle du temps n'est pas seulement impossible, mais même absurde. Cependant, si un commencement ne peut jamais être déñni de façon mathématique, il est pourtant défini de sa manière particulière dans le temps, c'est à dire par une définition qui essentiellement contient une certaine imprécision. Quant au commencement de l'univers les sciences physiques conduisent par des chemins différents à un même résultat, et font conclure à un âge de l'univers de quatre milliards et demi d'années environ. Finalement une question concernant la notion de création se présente. La tradition connaît en effet une notion de création dans un sens très stricte, distinguée des notions de « conservatio » et de « concursus ». On a l'habitude de lier le fait de la création à un seul ou à quelques instants. Mais nous croyons pouvoir démontrer que dans la dépendance que les créatures ont a l'égard du Créateur, il y a toujours aussi un aspect d' « être créé » dans le sens cité plus haut, un aspect qui se met d'autant plus au premier rang qu'il y a plus de nouveauté et de discontinuité vis à vis du passé. (shrink)

ABSTRACT The Scottish judge and ‘eccentric’ philosopher James Burnett, Lord Monboddo’s (1714–1799) significance within Enlightenment thought is usually seen as stemming from his Origin and Progress of Language (6 vols., 1773–1792). The OPL was a major contribution to the Enlightenment’s debate over the philosophy of language, and established Monboddo’s reputation as an innovative and influential, yet controversial and credulous proto-anthropologist. In the following I explore Monboddo’s Egyptomania and the role it plays in his account of the origins and development of (...) religion within his larger ‘History of Man’. Monboddo’s idiosyncratic and untimely fusion of conjectural history, Buffon-inspired natural history, Christian theology, Platonic and Aristotelian philosophy and credulous interest in Egyptology, especially in Antient Metaphysics (6 vols., 1779–1799), make him extremely difficult to place within the Scottish Enlightenment. I want to bring Monboddo back into our conversation about the Scottish Enlightenment, shed light in the process on his highly idiosyncratic combination of enlightened and unenlightened thought and, using Monboddo’s example, emphasize some interesting if unexpected aspects of the Scottish Enlightenment’s application of the ‘science of human nature’ to the study of religion. For Monboddo, human civilization and religious knowledge owes their existence to Egyptian daemon-kings. (shrink)

Charting significant growth in science production over the 20th century in four European Union member states, this neo-institutional analysis describes the development and current state of universities and research institutes that bolster Europe’s position as a key region in global science. On-going internationalization and Europeanization of higher education and science has been accompanied by increasing competition as well as collaboration. Despite the policy goals to foster innovation and further expand research capacity, in cross-national and historical comparison neither the level of (...) R&D investments nor country size accounts completely for the differential growth of scientific productivity. Based on a comprehensive historical database from 1900 to 2010, this analysis uncovers both stable and dynamic patterns of production and productivity in Germany, France, Belgium, and Luxembourg. Measured in peer-reviewed research articles collected in Thomson Reuters’ Science Citation Index Expanded, which includes journals in the fields of Science, Technology, Engineering, Mathematics, and Health, we show the varying contributions of different organizational forms, especially research universities and research institutes. Comparing the institutionalization pathways that created the conditions necessary for continuous and strong growth in scientific productivity in the European center of global science emphasizes that the research university is the key organizational form across countries. (shrink)

In the philosophy of mathematical practice, the aim is to understand the various aspects of this practice. Even though definitions are a central element of mathematical practice, the study of this aspect of mathematical practice is still in its infancy. In particular, there is little empirical evidence to substantiate claims about definitions in practice. In this article, we address this gap by reporting on an empirical investigation on how mathematicians create definitions and which roles and properties they attribute to them. (...) On the basis of interviews with thirteen research mathematicians, we provide a broad range of relevant aspects of definitions. In particular, we address various roles of definitions and show that definitions are not just a product of mathematical factors, but also of social and contingent factors. Furthermore, we provide concrete examples of how mathematicians interact and think about definition. This broad empirical basis with a variety of examples provides an optimal starting point for future investigations into definitions in mathematical practice. (shrink)

This book is a joint effort of like-minded researchers to define the concept of process within a psychological setting. Although minor differences exist as regards choice of background theory, their common focus is on personality in a broad psychodynamic context. Their definition of personality rests on a series of test instruments that have been validated during decades of thorough and vigorous empirical work. These were originally designed to open up micro-processes underlying the adaptation to or construction of reality, and have (...) subsequently proven diagnostically efficient. Coming from both sides of the Atlantic, the contributors have their background in psychological as well as medical institutions. The contributions in the book are examples of a vital source sustaining our efforts to get a more profound understanding of the vicissitudes of the human mind. (shrink)

The articles collected in this volume are concerned with the transmission and development of the Greek achievement among Syriac scholars of the Fertile Crescent during the four centuries after 500CE, particularly in the fields of rhetoric and philosophy. Cumulatively they show how many aspects of Greek culture were received and elaborated in Syriac, and contribute to understanding the ways in which that culture exercised a powerful influence on the medieval Near East and the burgeoning Islamic civilisation.

This review roundtable discusses Ted McCormick’s Human Empire: Mobility and Demographic Thought in the British Atlantic World, 1500–1800, an ambitious study charting the transformation of early mod...