Comme Édouard Mehl le montre dans sa présentation des Querelles cartésiennes de Pierre Macherey, l’enjeu de ces « querelles » réside moins dans l’interprétation de Descartes en termes de vérité (en vue de répondre à la question : que veut vraiment dire Descartes?) que dans son interprétation en contexte, c’est-à-dire dans le contexte de l’introduction, en France, via Corbin en particulier, de la pensée heideggerienne qui constitue l’arrière-plan, ou du moins l’un des arrière-plans possibles...

« Nul ne deviendrait philosophe s’il n’était d’abord un peu fou » (F. Alquié) Les trois études rassemblées sous le titre de Querelles cartésiennes portent, pourrait-on croire, sur Descartes. Mais il n’en est rien, ou presque. Ceci n’est pas un livre « sur », « pour » ni « avec » Descartes, mais sur l’histoire de la philosophie, elle-même comprise comme une histoire des conflits – une polémographie. En analysant ces différentes querelles, Macherey s’intéresse au différend comme tel, (...) à son sta... (shrink)

L'histoire de la pensée occidentale est jalonnée de grandes "querelles", comme celle des universaux ou celle des anciens et des modernes. Il était inévitable qu'une grande philosophie comme celle de Descartes donne lieu, du moment où elle a commencé à être diffusée, à de vifs débats. C'est à travers de tels débats, comme ceux qui, durant la seconde moitié du XXe siècle, ont opposé en France Gueroult et Alquié ou Foucault et Derrida, que, à notre époque, elle (...) reste vivante. En prenant en considération certains aspects surprenants de sa réception, on mesure à quel point une doctrine comme celle de Descartes, qu'aucune entreprise académique n'est parvenue à momifier, appelle des engagements de pensée pratiqués au présent, et répugne à une appréhension objective ou prétendue telle, qui, en l'appréhendant à distance, la relèguerait dans un passé révolu. L'oeuvre de Descartes reste pour nous encore en grande part une énigme, et ainsi elle constitue une invitation ou une provocation à penser, en nous tenant à l'écart des idées toutes faites : c'est par là, et non par les certitudes acquises dont elle serait porteuse, qu'elle se révèle incontournable pour qui s'intéresse à la philosophie. (shrink)

This article presents a decades-long conflict in the upper echelons of postwar French academic philosophy between the self-identifying “Cartesian” Ferdinand Alquié, professor at the Sorbonne, and the “Spinozist” Martial Gueroult of the Collège de France. Tracking the development of this rivalry serves to illuminate the historical drama that occurred in France as phenomenology was integrated into the Cartesian tradition and resisted by a commitment to rationalism grounded in a specifically French understanding of Spinozism. Over the course of (...) class='Hi'>Alquié and Gueroult's polemic, however, we nevertheless witness a shared concern to preserve philosophy from the reductive tendencies of historicism and its possible assimilation to theology. What is more, the ultimate impasse of this conflict continues to inform the most innovative projects in French thought in the wake of structuralism and the “theological turn” of French phenomenology. (shrink)

"What is at stake in this book is nothing less than a dramatically new way of approaching literature, one which in its unostentatious, low key way scandalously smashes a whole range of liberal humanist icons." --Terry Eagleton Who is more important: the reader, or the writer? Originally published in French in 1966, Pierre Macherey's first and most famous work, A Theory of Literary Production dared to challenge perceived wisdom, and quickly established him as a pivotal figure in literary theory. (...) In this provocative work, Macherey puts the focus as much on the reader as the writer, stating that the very act of reading is a form of production in its own right, generating interpretation and meanings which are beyond the control of the author. Part of the birth of a whole new branch of post-structuralist theory, Macherey's work also influenced a new generation of critics among them Jacques Derrida, his contemporary, and Terry Eagleton. His ideas have also led some observers to claim that he announced the death of the author fully two years before Roland Barthes' famous essay. The reissue of this work as a Routledge Classic brings some radical ideas to a new audience, and argues persuasively for a totally new way of reading. As such, it is an essential work for anyone interested in the development of literary theory. (shrink)

Martial Gueroult (1891–1976) Belonged to a remarkable generation of French scholars of early modern philosophy, in general, and of Descartes’s thought, in particular. This cohort includes such notable figures as Étienne Gilson (1884–1978), Jean Laporte (1a886–1948), Henri Gouhier (1898–1994), Ferdinand Alquié (1908–85), and Geneviève Rodis-Lewis (1918–2004). However, Gueroult was the only one of this group to publish a commentary devoted exclusively to Descartes’s Meditations, namely, his Descartes selon l’ordre des raisons;1 indeed, no other comparable French commentary has (...) appeared since the time of its initial publication.2 In addition, among the very important works on Descartes that Gueroult’s French .. (shrink)

Philosophe et penseur du politique, intellectuel marxiste et militant communiste, enseignant, directeur de collection... : à travers le rayonnement de son oeuvre et de sa personne, Louis Althusser a renouvelé la théorie politique et la philosophie de l'histoire, de Machiavel à Marx. Parmi ses contemporains, Michel Foucault exhorte : " Ouvrez les livres d'Althusser! ", Jacques Derrida évoque " la force rayonnante et provocante de sa pensée ", Gilles Deleuze salue l'" Althusser's Band ", et pour Roland Barthes, (...) " le seul modèle acceptable de la science est celui mis au jour par les études d'Althusser sur Marx ". Aliocha Wald Lasowski converse avec vingt écrivains et philosophes qui ont lu, rencontré, parfois travaillé avec Althusser, quand ils n'ont pas fait partie de ses proches. Où l'on mesure à quel point la pensée d'Althusser demeure d'une actualité brûlante. (shrink)

Les textes qui suivent sont issus de deux séances du séminaire « Avec Foucault » organisées au cours de l'année 2015 à l'UMR « Savoirs, textes, langage ». Lors de chacune de ces séances, différents ouvrages publiés récemment par Pierre Macherey ont été présentés et discutés par Orazio Irrera, Edouard Mehl et Philippe Sabot. Lors d'une première séance de travail, la réflexion s'est portée sur la question des normes que Pierre Macherey aborde en réinscrivant la démarche de Foucault (...) sur ce thème... (shrink)

Tout commentateur ne dit-il pas les choses autrement que l'auteur qu'il explique ? Sans cela, il devrait se borner à renvoyer au texte, et n'y rien ajouter. Mais nous ne rejoignons pas, en cela, ceux des critiques contemporains qui cherchent la signification profonde d'une doctrine en des idées auxquelles l'auteur n'a jamais pensé. S'il est vrai que Descartes n'a pas séparé, en son vocabulaire, ce que nous appelons être et ce que nous appelons objet, il demeure que, par sa théorie (...) de la création des vérités, par son doute, par son projet de fonder la science sur la métaphysique, il les a distingués, et a pris, de leur rapport, la conscience la plus claire. En traduisant parfois les pensées cartésiennes en un langage plus adapté à notre temps, en déclarant que Descartes a découvert métaphysiquement l'homme comme pouvoir de dépasser l'objet vers l'Etre, et comme signe de l'Être en ce monde, nous n'avons pas voulu moderniser Descartes, mais seulement dégager ce qui, dans sa philosophie, est éternel. (shrink)

A ‘way out’ expresses a movement which looks completely different depending on whether one views it prospectively or retrospectively: in the first instance, it signifies ‘to emerge from’, which suggests a relationship of continuity; in the second it signifies ‘to breach a threshold’, a distancing, that is to say, a rupture. Which of these two meanings should we ascribe to the expression ‘Foucault’s way out of Hegel’ – that of a connection, which emerges when we look behind us, or that (...) of a disjunction, which appears when we look ahead? That of a line of descent, which obliges us to contend with a legacy, or that of rejection, thus a refusal to accept it? This is the very question that we want to confront. (shrink)

Le cas de Descartes présente un intérêt privilégié pour l’examen des conditions dans lesquelles une philosophie vient à être considérée comme représentant un esprit national. Le livre d’A. Glucksman, Descartes, c’est la France, publié en 1987 à l’occasion du 350e anniversaire de la parution du Discours de la méthode, constitue un exemple extrême de ce type d’opération, qui exploite une doctrine en en infléchissant certains enjeux fondamentaux.

« Ma seconde maxime était d’être le plus ferme et le plus résolu en mes actions que je pourrais, et de ne suivre pas moins constamment les opinions les plus douteuses, lorsque je m’y serais une fois déterminé, que si elles eussent été très assurées. Imitant en ceci les voyageurs qui, se trouvant égarés en quelque forêt, ne doivent pas errer en tournoyant, tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, ni encore moins s’arrêter en une place, mais marcher toujours le plus (...) droit qu’ils peuvent vers un mêm.. (shrink)

Sendo, como a ciência, um esforço para conhecer e compreender o real,a filosofia institui, como ela, uma problemática. Todas as grandes doutrinas podem se caracterizar a partir de problemas: problema do uno e do múltiplo entre os pré-socráticos; problema da possibilidade da ciência e da predicação em Platão; problema das causas primeiras, da demonstração, do método geral das ciências da natureza em Aristóteles; problema do fundamento da física matemática em Descartes; problema do fundamento da possibilidade das ciências e da metafísica (...) como ciência em Kant; problema dos vínculos entre a história e o racional em Hegel, etc. (shrink)

Pierre Macherey est philosophe, professeur honoraire à l’université de Lille. Rattaché à l’UMR « Savoirs Textes Langage » du CNRS, il continue d’animer un blog « La philosophie au sens large » dont les travaux sont publiés sur le net ( https://philolarge.hypotheses.org/ ). Il a écrit de nombreux ouvrages, aussi bien en philosophie (sur Spinoza, Hegel, Marx, Comte, Canguilhem, Foucault) qu’en littérature et sur la manière de philosopher avec la littérature ( Philosopher avec la littérature est la reprise de (...) sa thèse soutenue en 1991 ; mais il y a aussi, par exemple : Proust. Entre littérature et philosophie ; En lisant Jules Verne ). Son dernier ouvrage s’intitule À l’essai (Paris, Kimé, 2019). Sur l’utopie, il a notamment écrit : De l’utopie! (Le Havre, De l’incidence éditeur, 2011) ainsi que « Utopie et quotidien : les deux faces d’une même réalité? », article publié dans Peggy Avez, Louis Carré et Sébastien Laoureux (dir.), Utopie et quotidien. Autour de Pierre Macherey (Bruxelles, Presses de l’Université Saint Louis, 2016). (shrink)

Using the philosophy of Jean-Luc Nancy as an anchoring point, Jacques Derrida in this book conducts a profound review of the philosophy of the sense of touch, from Plato and Aristotle to Jean-Luc Nancy, whose ground-breaking book Corpus he discusses in detail. Emmanuel Levinas, Maurice Merleau-Ponty, Edmund Husserl, Didier Franck, Martin Heidegger, Francoise Dastur, and Jean-Louis Chre;tien are discussed, as are Rene; Descartes, Diderot, Maine de Biran, Fe;lix Ravaisson, Immanuel Kant, Sigmund Freud, and others. The scope of (...) class='Hi'>Derrida’s deliberations makes this book a virtual encyclopedia of the philosophy of touch (and the body). Derrida gives special consideration to the thinking of touch in Christianity and, in discussing Jean-Luc Nancy’s essay “Deconstruction of Christianity,” devotes a section of the book to the sense of touch in the Gospels. Another section concentrates on “the flesh,” as treated by Merleau-Ponty and others in his wake. Derrida’s critique of intuitionism, notably in the phenomenological tradition, is one of the guiding threads of the book. On Touching includes a wealth of notes that provide an extremely useful bibliographical resource. Personal and detached all at once, this book, one of the first published in English translation after Jacques Derrida’s death, serves as a useful and poignant retrospective on the work of the philosopher. A tribute by Jean-Luc Nancy, written a day after Jacques Derrida’s death, is an added feature. (shrink)

Foucault n’a pas laissé de texte de nature autobiographique. À de nombreuses reprises, il a revendiqué l’anonymat, embrassant le désir d’envelopper son « je » dans le discours et d’y avancer pour ainsi dire, « masqué ». Ce serait cependant une erreur d’identifier ce désir au slogan de la mort de l’auteur et à partir de là, au courant du structuralisme. Car Foucault n’a jamais voulu renoncer à questionner la subjectivité, son histoire aussi bien que ses terrains d’interventions. Plutôt que (...) de chercher à interpréter les raisons qui ont poussé Foucault à ne pas livrer les secrets de sa vie, l’article nous invite à les reconnaître à même son œuvre. (shrink)

« Trouble dans la matière » : cette formule, à première vue énigmatique, prend sens une fois mise en résonance avec celle que Judith Butler avait utilisée pour intituler son ouvrage, Trouble dans le genre : la démarche d’Audrey Benoit adopte la même perspective critique, signalée par la référence à un « trouble » ou remise en question d’un certain nombre d’idées reçues ; simultanément, elle décale le point d’application de cette critique du problème spécifique du « genre », dont (...) les incidence... (shrink)

On the basis of a new reading of Gérard Simon’s Kepler astronome astrologue, and by comparing the author’s position with that of Michel Foucault, this article attempts to clarify the relationship between history of science and history of knowledge. -/- .

The founder of modern linguistics, Ferdinand de Saussure inaugurated semiology, structuralism, and deconstruction and made possible the work of Jacques Derrida, Roland Barthes, Michel Foucault, and Jacques Lacan, thus enabling the development of French feminism, gender studies, New Historicism, and postcolonialism. Based on Saussure's lectures, _Course in General Linguistics_ (1916) traces the rise and fall of the historical linguistics in which Saussure was trained, the synchronic or structural linguistics with which he replaced it, and the new look (...) of diachronic linguistics that followed this change. Most important, Saussure presents the principles of a new linguistic science that includes the invention of semiology, or the theory of the "signifier," the "signified," and the "sign" that they combine to produce. This is the first critical edition of _Course in General Linguistics_ to appear in English and restores Wade Baskin's original translation of 1959, in which the terms "signifier" and "signified" are introduced into English in this precise way. Baskin renders Saussure clearly and accessibly, allowing readers to experience his shift of the theory of reference from mimesis to performance and his expansion of poetics to include all media, including the life sciences and environmentalism. An introduction situates Saussure within the history of ideas and describes the history of scholarship that made _Course in General Linguistics_ legendary. New endnotes enlarge Saussure's contexts to include literary criticism, cultural studies, and philosophy. (shrink)

"Ce qui s'écrit ici différance marque l'étrange mouvement, l'unité irréductiblement impure d'un différer (détour, délai, délégation, division, inégalité, espacement) dont l'économie excède les ressources déclarées du logos classique. C'est ce mouvement qui donne unité aux essais ici enchaînés. Qu'ils questionnent l'écriture littéraire ou le motif structuraliste (dans les champs de la critique, des “sciences de l'homme” ou de la philosophie), que par une lecture configurante ils en appellent à Nietzsche ou à Freud, à Husserl ou à Heidegger, à Artaud, Bataille, (...) Blanchot, Foucault, Jabès, Levinas, ils n'ont qu'un lieu d'insistance : le point d'articulation dérobée entre l'écriture et la différence. A peser sur cette articulation, ils tentent de déplacer les deux termes."--Page 4 de la couverture. (shrink)

Rassemble 15 textes de J. Derrida consacrés à la mort et au deuil, souvent à l'occasion de la mort de ses amis : Roland Barthes, Michel Foucault, Gilles Deleuze, Maurice Blanchot, etc..... P.-A. Brault et M. Naas analysent la logique des textes et élaborent la question d'une politique du deuil.

In this essay and the next, on Foucault, Derrida reencounters two thinkers to whom he had earlier devoted important essays, which precipitated stormy discussions and numerous divisions within the intellectual milieus influenced by their ...

Completing the translation of Derrida’s monumental work Right to Philosophy (the first part of which has already appeared under the title of Who’s Afraid of Philosophy?), Eyes of the University brings together many of the philosopher’s most important texts on the university and, more broadly, on the languages and institutions of philosophy. In addition to considerations of the implications for literature and philosophy of French becoming a state language, of Descartes’ writing of the Discourse on Method in French, and (...) of Kant’s and Schelling’s philosophies of the university, the volume reflects on the current state of research and teaching in philosophy and on the question of what Derrida calls a “university responsibility.” Examining the political and institutional conditions of philosophy, the essays collected here question the growing tendency to orient research and teaching towards a programmable and profitable end. The volume is therefore invaluable for the light it throws upon an underappreciated aspect of Derrida’s own engagement, both philosophical and political, in struggles against the stifling of philosophical research and teaching. As a founding member of the Research Group on the Teaching of Philosophy and as one of the conveners of the Estates General of Philosophy, Derrida was at the forefront of the struggle to preserve and extend the teaching of philosophy as a distinct discipline, in secondary education and beyond, in the face of conservative government education reforms in France. As one of the founders of the Collège International de Philosophie, he worked to provide a space for research in and around philosophy that was not accepted or legitimated in other institutions. Documenting and reflecting upon these engagements, Eyes of the University brings together some of the most important and incisive of Derrida’s works. (shrink)

Taking on the Tradition focuses on how the work of Jacques Derrida has helped us rethink and rework the themes of tradition, legacy, and inheritance in the Western philosophical tradition. It concentrates not only on such themes in the work of Derrida but also on his own gestures with regard to these themes—that is, on the performativity of Derrida’s texts. The book thus uses Derrida’s understanding of speech act theory to reread his own work. The (...) book consists in a series of close readings of Derrida’s texts to demonstrate that the claims he makes in his work cannot be fully understood without considering the way he makes those claims. The book considers Derrida’s relation to the Greek philosophical tradition and to his immediate predecessors in the French philosophical tradition, as well as his own legacy within the contemporary scene. Part I examines Derrida’s analyses of Plato and Aristotle on the themes of writing and metaphor. Part II looks at themes of donation, inheritance, pedagogy, and influence in relation to Derrida’s readings of the works of Michel Foucault, Jacques Lacan, and Jean-Pierre Vernant. Part III considers the promises and legacies of Derrida’s work on autobiography, friendship, and hospitality, themes Derrida has recently taken up in his readings of Martin Heidegger, Maurice Blanchot, and Emmanuel Levinas. In the Conclusion, the author analyzes what Derrida has recently called a “messianicity without messianism” and shows how Derrida develops two different notions of the future and of legacy: one that always determines a horizon for the donation and reception of any legacy or tradition, and one that leaves open a radically unknown and unknowable future for that legacy and tradition. (shrink)

The article examines the inter-implication between Foucault's and Derrida's representations of one another's work in the debate over Histoire de la folie and discovers a chiasmic structure between them, an inverted mirroring of each in the other, in which philosophy and historicity alternately encompass and exceed one another. At the heart of this is a problem of language (and the reason that accompanies it), which defines the limitations of the historian's work.

Linguists are becoming more and more interested in the genealogy of linguistics. And in reconstituting the history or prehistory of their science, they are discovering numerous ancestors, sometimes with a certain astonished recognition. Interest in the origin of linguistics is awakened when the problems of the origin of language cease to be proscribed and when a certain geneticism—or a certain generativism—comes back into its own. One could show that this is not a chance encounter. This historical activity is no longer (...) elaborated solely at the margins of scientific practice, and its results are already being felt. In particular, we are no longer at the stage of the prejudice according to which linguistics as a science was born of a single "epistemological break"—a concept, called Bachelardian, much used or abused today—and of a break occurring in our immediate vicinity. We no longer think, as does Maurice Grammont, that "everything prior to the nineteenth century, which is not yet linguistics, can be expedited in several lines."1 Noam Chomsky, in an article announcing his Cartesian Linguistics, which presents in its major lines the concept of "generative grammar," states: "My aim here is not to justify the interest of this investigation, nor to describe summarily its procedure, but instead to underline that by a curious detour it takes us back to a tradition of ancient thought, rather than constituting a new departure or a radical innovation in the domain of linguistics and psychology."2If we are to set ourselves down in the space of this "curious detour," we could not help encountering the "linguistics" of Jean-Jacques Rousseau. We would have to ask ourselves, then, in what ways Rousseau's reflections on the sign, on language, on the origin of languages, on the relations between speech and writing, and so on announce what we are so often tempted to consider as the very modernity of linguistic science, that is, modernity as linguistic science, since so many other "human sciences" refer to linguistics as their particular model. And we are all the more encouraged to practice this detour in that Chomsky's major references, in Cartesian Linguistics, are to the Logi cand General and Reasoned Grammar of Port-Royal, works that Rousseau knew well and held in high esteem.3 For example, on several occasions Rousseau cites Duclos' commentary on the General and Reasoned Grammar. The Essay on the Origin of Languages even closes with one of these citations. Thus Rousseau acknowledges his debt.1. Maurice Grammont, cited by Noam Chomsky, Cartesian Linguistics , p. 1.2. Chomsky, "De quelques constantes de la théory linguistique," Diogène, no. 51 ; my italics. See also Chomsky, Current Issues in Linguistic Theory , p.15 ff. There is an analogous gesture in Jakobson, who refers not only to Peirce and, as does Chomsky, to Humboldt but also to John of Salisbury, to the Stoics, and to Plato's Cratylus: see Jakobson, "A la recherche de l'essence du langage," Diogène, no. 51 .3. "I began with some book of philosophy, like the Port-Royal Logic, Locke's Essay, Malebranch, Leibniz, Descartes, etc." .Jacques Derrida, professor of the history of philosophy at the Ècole Normale Supérieure in Paris, is the author of, among other works, Writing and Difference, Of Grammatology, and Marges de la philosophie, from which the present essay is taken. His previous contribution to Critical Inquiry, "The Law of Genre," appeared in the Autumn 1980 issue. Alan Bass, a psychoanalyst, has published essays on deconstruction and psychoanalytic theory and practice. (shrink)

« "...le mot qu'Aristote avoit tres-familier : 'O mes amis, il n'y a nul amy'." (Montaigne, De l'amitié.)Dernier mot, dernière volonté, cette sentence testamentaire nous vient du fond des temps. Sourdement soupirée, transmise et traduite, transférée aussi en tant de langues. Mais l'apostrophe appelle peut-être une science nouvelle, comme si elle ne consentait à se laisser aimer, au prix d'une philologie singulière, que pour une philosophie encore à venir.À méditer inlassablement l'aporie d'une telle adresse, on s'enfonce dans le labyrinthe de (...) sa provenance mais aussi de son avenir.Par provision, voici un fil d'Ariane, justement, un seul fil, tenu de main de femme, de fille, de sœur : où chemine la politique de ce "mot"? Ouvertement ou en secret, une architecture de la cité ou de l'État n'aurait-elle pas orienté cette provocation? Une généalogie du politique ne s'est-elle pas liée, dans notre tradition, au couple ami/ennemi et, en lui, au concept canonique et dominant de l'amitié?L'analyse ici proposée serait aussi une contre-généalogie. Elle inquiète en effet le motif généalogique lui-même, un certain ordre de la filiation, à savoir le schème familial et phallocentrique de la fraternité, la figure du frère (plutôt que de la sœur), la virilité de la vertu dont l'autorité reste si souvent incontestée dans notre culture de l'amitié et dans les modèles accrédités de la démocratie.À l'horizon de toutes ces questions, celle de la vertu, donc, dans une démocratie à venir. La vertu, est-ce une chose du passé? Oui et non.Le mot ainsi prêté à Aristote, qui ne l'a pas cité? Une fois infléchi ou orchestré, jusque dans sa grammaire, par un concert d'interprètes somnambules, vigilants et automatiques, voici qu'il traverse en rêvant, récitation psalmodiée d'une immense rumeur, le grand jour de notre mémoire : de Montaigne à Kant, par exemple, de Nietzsche à Blanchot, oui, Blanchot, l'ami de Bataille et des penseurs de ce temps, le penseur de L'Amitié ("...tandis que je me remémore la parole attribuée par Diogène Laërce à Aristote : 'O mes amis, il n'y a pas d'ami'", ce sont aussi les derniers mots d'un autre livre de Blanchot, Foucault tel que je l'imagine).Mais l'avenir de "ce mot qu'Aristote avoit tres-familier" vient encore sur nous. Déjà là, c'est comme s'il ne nous était pas encore arrivé, tenant en réserve, dans l'un de ses plis, une promesse de démocratie encore impensée, encore impossible, toujours à venir : la promesse même. »J. D.SOMMAIRE : Avant-proposOligarchies : nommer, énumérer, dénombrerAimer d'amitié : peut-être - le nom et l'adverbeCette « vérité » folle : le juste nom d'amitiéL'ami revenant (au nom de la « démocratie »)De l'hostilité absolue. La cause de la philosophie et le spectre du politiqueSerment, conjuration, fraternisation - ou la question « armée »Celui qui m'accompagneReplis« En langue d'homme, la fraternité »« Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité »L'Oreille de HeideggerPhilopolémologie (Geschlecht IV)Portées de voix. Rhétorique de l'amitiéL'avoir, l'être et l'autre : tendre l'oreille, accorder ce qu'on n'a pasQuelques-uns (Le mariage du ciel et de l'enfer)Tautologie, monologie, otologie. Le sacrifice de Heidegger. (shrink)

Cette présentation au volume Lectures de Martial Gueroult a pour objet de redonner le cadre général dans lequel Gueroult a défendu sa méthode en histoire de la philosophie. Plus que l’opposition entre genèse et système, ce sont plutôt les manières différentes de comprendre ce qu’est un héritage philosophique qui ont structuré le débat. Gueroult a cherché à restituer ce que les œuvres lèguent d’elles-mêmes en héritage, par une lecture interne ou verticale, qui ne les juge ni par (...) leur inscription horizontale dans une série d’œuvres antécédentes, ni par les héritages revendiqués par la postérité. En considérant qu’un texte philosophique n’est pas le témoin d’une intuition mais le porteur d’une méthode propre, ce n’est pas seulement à Ferdinand Alquié qu’il s’est opposé, mais à toute une tradition française dont il identifie la pointe chez Henri Bergson. (shrink)

Table of Contents -- Acknowledgments -- Abbreviations -- Introduction, by Olivia Custer, Penelope Deutscher, and Samir Haddad -- Part I: Openings -- 1. The Foucault-Derrida Debate on the Argument Concerning Madness and Dreams, by Pierre Macherey -- 2. Looking Back at History of Madness, by Lynne Huffer -- 3. Violence and Hyperbole: From "Cogito and the History of Madness" to The Death Penalty, by Michael Naas -- Part II: Surviving the Philosophical Problem: History Crosses Transcendental Analysis.