Diogène 207 (3):44-58 (
2004)
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Abstract
Résumé Quelques groupes religieux et mouvements de pensée du monde turc, en Asie et en Europe, cultivent, depuis plusieurs siècles, une vision originale de la nature dans laquelle les vieilles croyances animistes et chamanistes, et même bouddhistes des nomades sont combinées à la philosophie arabe d’ obédience néoplatonicienne et à la mystique musulmane (soufisme). Cette vision, qui n’est pas du reste homogène puisqu’elle connaît plusieurs variantes, établit que toutes les créatures animées et inanimées – humain, animaux, plantes et pierres – sont les réceptacles d’une même « énergie vitale » et qu’elles sont en conséquence intimement liées les unes aux autres, et même susceptibles de migrer vers chacun de leurs modes d’être respectifs, animal, végétal ou minéral ; de là l’existence d’hommes-pierres, d’hommes-arbres et d’hommes-animaux. Cet article se propose de faire la généalogie de cette vision de la nature et d’en étudier l’influence actuelle, en portant une attention particulière à l’« éthique de l’environnement » ( çevre ahlakï ) qu’elle a inspirée, ces dernières années, en Turquie.