Abstract
Le but de cet article est de montrer l'existence de problémes philosophiques communs entre Bergson et Husserl, d'un côté, Bergson et Russell de l'autre, au-delà d'une simple contemporanéité de hasard et malgré, dans un cas, une absence apparente de débat et, dans l'autre, un débat manqué ou un différend réel . Le problème du nombre est ainsi le premier problème à permettre une articulation stricte entre les doctrines de Bergson et Husserl, à travers leurs divergences mêmes, et à révéler aussi le malentendu avec Russell. Se dévoilent du même coup les enjeux philosophiques de la réception de Bergson, mais aussi de la réception de Husserl et de Russell, ou encore de la phénoménologie et de la philosophie analytique en France . La redécouverte de ce troisième terme restitue ainsi toute sa complexité à un « moment » philosophique encore déterminant cent ans plus tard, aujourd'hui. The purpose of this paper is to reveal the existence of common philosophical problems, between Bergson and Husserl, on the one side, and Bergson and Russell, on the other, well beyond a mere contemporaneity, and although one might first speak of an absence of debate on the one hand or of a missed opportunity and an impossible dispute on the other. The problem of number is thus the first problem to allow a strict articulation between the doctrines of both Bergson and Husserl, be it through their very discrepancies, as well as to reveal the misunderstanding with Russell. What is philosophically at stake appears clearly at the same time: that is, Bergson's reception, but also the reception of Husserl and Russell, or of phenomenology and analytic philosophy, in France . Rediscovering Bergson as a third term in this relationship thus gives back its philosophical complexity to a « moment » which is still decisive, a hundred years later, for our own present.