Abstract
Bergson définit le temps par la succession, qui est création de nouveauté. Mais il prend des exemples qui relèvent non de la succession mais de la simultanéité, garante d’une autre différence, entre deux choses qui coexistent en même temps, c’est-à-dire l’individualité. Dans Le Rire, on trouve en outre un type de comique qui joue sur la duplication simultanée du même. Ces cas de comique engagent la différence entre la simultanéité naturelle d’individus différents et la simultanéité artificielle d’êtres identiques. Si la simultanéité mécanique du même fait rire, c’est bien que la simultanéité naturelle fonde les différences. Cet oubli de Bergson est d’autant plus surprenant que sa conception du temps repose sur une critique de celle de Kant, lequel avait précisément inclus la simultanéité dans le temps comme un de ses modes ; garant du « divers simultané ». Finalement, Bergson est contraint par sa controverse avec Einstein à réintégrer la simultanéité dans le temps.