Abstract
La troisième des Lettres morales est connue pour la critique apparemment définitive et radicale que Rousseau y adresse à la philosophie de Descartes – philosophie vaine, dont les principes seraient aussi chimériques et mensongers que la physique à laquelle ils aboutissent. La présente étude entend réfuter cette lecture, en examinant trois points : 1) l’exception cartésienne de la deuxième des Lettres, et l’énoncé programmatique d’un doute explicitement méthodique dans lequel s’inscrit la « critique » de Descartes ; 2) l’ambivalence de cette critique qui, dans son premier moment, ne peut concerner que la physique cartésienne ; 3) la présence constante, dans ces pages, de formules empruntées au discours « Disproportion de l’homme » de Pascal. Il s’agira de montrer en quoi Rousseau, loin d’en finir avec Descartes, rend hommage à la seule philosophie dont les principes – quoiqu’ils échappent à la raison seule et quoiqu’en disent les « cartésiens » – soient certains.