Abstract
Dans le présent article, l'auteur tâche d'éclairer quelques thèmes de la philosophie médiévale, traités ou présupposés dans le roman d'Umberto Eco, Le nom de la rose, afin de contribuer à l'interprétation du livre. Le manuscrit d'Adso est présenté par Eco comme « une histoire de livres » . En fait l'attention est portée d'abord sur un livre bien déterminé, perdu et retrouvé, puis sur un monde de livres, liés entre eux par un réseau complexe de relations et finalement sur le livre du monde. La métaphore du livre de Dieu, que représente l'univers créé, nous reporte à la métaphysique « pansémiotique » qui prend son plein essor au Xlle siècle. C'est dans ce cadre que se situe l'idée dionysienne des « similitudes dissemblantes » . Dans le roman cette idée est soutenue face au fanatisme qui veut anéantir la spécificité des signes se tenant à l'écart de la vérité, puisqu'il se croit en possession complète et immédiate de la vérité. Par ailleurs, le roman nous montre l'attitude du détenteur du pouvoir qui se préoccupant du maintien de son pouvoir, ne se soucie guère de la vérité. C'est à cet opportunisme ainsi qu'au fanatisme que s'oppose le protagoniste du roman, animé du seul désir de la vérité et en même temps d'un scepticisme marqué à l'égard de la vérité. Il n'est donc pas étonnant qu'il partage pleinement les positions épistémologiques et sémiotiques, développées par la « via moderna » au XlVe siècle. Il va même jusqu'à affirmer que l'homme ne dispose que de la vérité des signes. En guise de conclusion, l'auteur réfléchit sur le sens que pourraient avoir les textes mystiques, cités à la dernière page du roman