Abstract
Dans cet article on essayera de saisir les traits qui peuvent lier entre eux les réflexions amenées par Michel Foucault dans ses écrits dits littéraires (notamment par le biais de sa lecture de l’œuvre de Roussel), ses travaux archéologiques déroulés parallèlement pendant les années ’60, et l’articulation d’une pratique d’écriture comme procédé combinatoire qui aboutit à la fondation du groupe Oulipo. Cette triangulation sera éclairée en analysant le cas particulier d’un projet de revue italienne (qui n’a jamais vu le jour), dans le cadre duquel il était question de mettre en place une idée de littérature qui pouvait briser et bouleverser les bornes rigides de la notion classique du discours littéraire. À travers cette revue, animée par les écrivains Italo Calvino et Gianni Celati, on proposait une littérature définie comme archéologique ou comme bazar d’objets littéraires hétéroclites, qui mettait en évidence la potentialité d’ébranlement de l’ordre discursif ouverte par le livre jeu du langage avec sa propre matérialité nue, c’est-à-dire déliée de ses utilisations expressives et de signification. Ce jeu, entendu comme procédé mécanique, est précisément celui que Foucault soulignait dans ses analyses de l’écriture de Roussel, ainsi que celui qui avait été repris par les oulipiens.