Abstract
Les prédications eckhartiennes qui nous sont parvenues, sont au nombre d’environ 100 en latin, et de 120 en moyen haut allemand. La critique situe la plus grande partie de ces prédications allemandes dans la dernière décennie de la vie d’Eckhart. Mais son intérêt pour la prédication est présent dans son œuvre dès le début et accompagne toute sa carrière. En particulier, ce qui caractérise son travail homilétique par rapport aux maîtres en théologie, ses contemporains, semble bien être l’usage de la langue vulgaire et le soin particulier apporté à la mise en forme littéraire et à la publication de ces prédications. D’où la question posée : pourquoi cet intérêt pour l’usage de la langue vulgaire? L’attention dans cette étude se concentre donc sur les prédications allemandes et à ce propos sont traités deux arguments qui paraissent particulièrement significatifs. Le premier se concentre sur la nécessité de leur recontextualisation liturgique. En effet, l’aspect liturgique a été complètement occulté dans l’édition critique et la littérature. Le second se manifeste par la nécessité d’explorer le caractère littéraire des prédications, qui ne sont pas de fait “reportées” par des auditeurs (-trices), mais ont été rédigées et publiées par les soins de l’auteur lui-même. Enfin il faut noter comme caractéristique de l’homilétique eckhartienne, le lien essentiel entre locutio emphatica et discours démonstratif (« natiurlîche rede ») : l’examen de quelques textes tirés de la Défense d’Eckhart (1326) tente d’éclairer ce concept.