« L'âme pense-t-elle toujours ? » Postérité de la théorie de l'intensio et remissio formarum dans la querelle entre empiristes et cartésiens

Astérion 11 (2013)
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Abstract

« Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée. » Il n’est pas rare de voir dans l’incipit du Discours de la méthode un de ces énoncés cartésiens qui, par leur simplicité et leur transparence, marquèrent une rupture avec la technicité de la philosophie scolastique des siècles précédents. Pourtant, à se pencher sur les commentaires qui ont été produits de ce texte, dès sa publication, il apparaît que pour un certain nombre de contemporains de Descartes, il y avait là une référence à la théorie dite de l’intensio et remissio formarum – ou latitude des formes – qui, de Pierre Lombard à Nicolas d’Oresme en passant par Richard de Middleton, fit l’objet de discussions soutenues pendant plus de six siècles. Cette théorie énonce que seules les qualités accidentelles sont susceptibles de variations intensives dans une substance, contrairement aux propriétés essentielles qui, elles, sont invariables. L’énoncé de Descartes, aux atours de simple proverbe, cacherait en réalité un tour de force argumentatif : tenant pour acquis que la pensée constitue l’attribut essentiel de l’âme, Descartes mobiliserait la théorie de l’intensio et remissio formarum pour affirmer qu’en chaque âme, cette pensée n’est pas susceptible de plus et de moins. Il devient alors possible de définir certaines opérations épistémiques élémentaires qui s’observent à part égale en chacun de nous, et ne sont pas soumises à la variabilité des compétences individuelles.Mais ce point d’interprétation du texte de Descartes ne conserverait qu’un intérêt herméneutique s’il ne trouvait, outre-Manche et quelques dizaines d’années plus tard, un remarquable rebondissement : En 1690, John Locke, dans L’Essai sur l’entendement humain, identifie parfaitement la référence médiévale sous-jacente à cet énoncé canonique du cartésianisme, et la discute avec la plus grande rigueur. En indexant la pensée sur l’attention, et en remarquant que cette attention est susceptible de variations d’intensités au cours du temps, Locke en vient à se demander s’il ne faut pas renoncer au postulat cartésien selon lequel la pensée constituerait l’essence de l’âme, et lui préférer l’hypothèse selon laquelle cette pensée ne serait pour l’âme qu’une activité

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