Chôra 20:217-234 (
2022)
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Abstract
Cet article vise à faire ressortir les fils hétérogènes de la pensée sur les émotions qui traversent la littérature philosophique et médicale grecque des cinquième et quatrième siècles avant J.‑C., contribuant à l’émergence de la sphère des passions en tant que territoire autonome pour l’exploration des faits mentaux. Nous examinons d’abord le modèle psychologique homérique dans le but de mettre en évidence son influence sur la littérature philosophique et non philosophique grecque des siècles suivants. Les auteurs hippocratiques, en particulier, se révèlent redevables du monisme «materialiste» d’Homère, mais on retrouve également des traces du modèle épique chez les penseurs qui, par la suite, se sont intéressés à la relation entre le corps et l’entité‑âme. Nous reconstituons ensuite l’évolution au cours de laquelle, d’Héraclite à Démocrite, de Platon à Aristote et au Péripatos, une notion du pathos en tant qu’emotion finit par émerger, prête à être acceptée et bien sûr précisée autant que retravaillée par les philosophies des âges hellénistique et romain.