Abstract
L’« artification » peut être conçue comme un processus entraînant « le passage du non-art à l’art ». Selon une perspective phénoménologique (notamment husserlienne), ce passage semble impliquer deux mouvements neutralisants qui le constituent et que l’on pourrait nommer « imagification » et « esthétisation ». D’une part, une telle neutralisation est l’indice d’une suspension de tout intérêt, à la fois de l’artiste et du spectateur, pour l’existence ou la non-existence de « l’objet artifié » (Husserl reprend et relance ici une ligne kantienne). D’autre part, ce désintéressement ouvre en même temps l’expérience, pour l’artiste et pour le spectateur, à un intérêt diffèrent, à savoir un intérêt axiologique visant à une saisie de valeurs.