Abstract
Toute innovation, surtout si elle est qualifiée de démocratique, ne comporte pas sa justification par sa seule énonciation. L’ expérimentalisme démocratique ne se précipite pas vers une institutionnalisation de la participation citoyenne sans avoir analysé avec précaution ces deux moments que furent le Grand débat national et la Convention citoyenne pour le climat. Une innovation retient plus particulièrement l’attention ici : la présence d’un comité légistique pour transcrire les propositions des 150 membres de la Convention. N’a-t-on pas commis un contresens comme beaucoup d’entrepreneurs de la participation qui en appellent à Habermas, alors qu’il défend l’État de droit plutôt que la politique délibérative? A-t-on pris un risque en soumettant le droit à une discussion faiblement instituée? Ces deux expériences sont des révélateurs du chemin qui reste à faire pour arriver à joindre le projet liant droit et démocratie avec des publics hétérogènes et pas comme « la fiction » qu’Habermas revendique. C’est donc un exercice de modestie dans lequel les citoyens apprennent qu’ils ne sont pas les explorateurs d’une terra incognita, ni en matière climatique et ni en matière institutionnelle.