Abstract
La communauté des chanoines réguliers de Saint-Victor de Paris, si importante dans l’histoire intellectuelle du Moyen Âge, a vécu de façon intense l’idéal de vie communautaire défini par la règle de saint Augustin. L’épistémologie, la métaphysique et la théologie victorines sont cohérentes avec ce mode de vie, supposant que l’unité la plus haute intègre une certaine pluralité. Après avoir situé la règle d’Augustin par rapport aux autres conceptions de la vie religieuse et présenté l’ordre canonial, qui se distingue de l’ordre monastique par son attachement à la vie communautaire, nous étudions l’anthropologie associée à cette spiritualité victorine, concernant notamment la maîtrise du corps. Puis nous dégageons le principe sous-jacent à cet idéal communautaire : l’insuffisance de la relation duelle et la nécessité d’un troisième terme dans la relation. Pour conclure nous montrons que les chanoines de Saint-Victor ont voulu imiter Dieu lui-même, conçu comme une communauté trinitaire.