Abstract
Cet article rend compte de l’expérience éthique suscitée par un terrain de doctorat en anthropologie mené auprès d’écoliers de Québec dans les années 1990. Les récits de vie réalisés à cette occasion ont pris valeur de véritables rencontres éthiques. Désirant produire un savoir sur ces jeunes qui réponde de manière satisfaisante aussi bien aux exigences de la communauté scientifique qu’à ses exigences éthiques, l’auteur fait le pari de ne pas effacer dans son écriture et dans ses conclusions « savantes » le lien d’ordre éthique, porteur de multiples ambiguïtés, qui s’était noué avec certains de ces jeunes. Est-il possible de construire un savoir « scientifique » sur autrui sans pour autant détruire, nier ou masquer le lien noué avec cet autrui à l’occasion du travail de recherche?