Abstract
Le premier chapitre d'une Phénoménologie de l'acte philosophique, que nous publions ici, met en lumière la structure onto-théo-logique de toute philosophie possible. II comporte les paragraphes suivants: 1. Existence et Pensée. – Une définition radicale de la pensée humaine présuppose une réflexion sur le Sum dans lequel s'enracine le Cogito. Cette première réflexion ne peut se faire que de manière spontanée et naïve. L'identité de l'existence et de la pensée n'est pas une possibilité humaine, mais oriente et fonde comme idéal le mouvement philosophique. 2. Archè - ousia - telos. – L'essence de l'être humain est tendance et mouvement (kinèsis) d'une nature spéciale. 3. La destination (Bestimmung) de l'homme. – Par une réflexion transcendentale sur le dynamisme appétitif de l'homme on découvre la „position” ontologique d'une Fin absolue et infinie comme fondement a priori de toute vie humaine en tant qu'elle est besoin et désir. Les étappes de la voie qui conduit au Fondement ultime de la perfection humaine, sont les suivants : 1) l'accueil naïf de l'être qui se montre, 2) la perte de tous les étants dans le Néant, résultant dans une angoisse profonde, et 3) la découverte du Bien infini comme „Rien de tout cela”. 4. „Tune me chercherais pas, situne m'avais trouvé” (Pascal) ou: „Comment le Dieu arrive - t - il dans la philosophie?" (Heidegger). - En tant que recherche du pourquoi radical, la philosophie - et, plus fondamentalement, l'être humain comme être pensant et „logique” - ne peut s'effectuer qu'en affirmant a priori, dans tout ce qu'elle demande, dit, met en doute etc., le Fondement dernier et premier de toute vérité : la Vérité elle-même, qui, dès le début de la vie humaine et philosophique, se présente en s'absentant. 5. Unica demonstratio Dei. – La preuve métaphysique et la preuve anthropologique de l'existence de Dieu sont deux paraphrases radicalement identiques du mouvement de „fondation” qui est l'essence de l'être humain. Tous les arguments conduisant à l'affirmation philosophique de Dieu, ne composent en réalité qu'une seule démonstration, qui coïncide avec le tout de la philosophie. Pour acquérir une connaissance explicite de ce qu'est le Fondement radical, le philosophe doit rendre plus concret le contenu de la fondation transcendentale qui relie ce Fondement au fond de l'existence humaine. Dans ce but il parcourt et traverse les stades 1) de l'existence „économique” jouissant du cosmos (argument cosmologique ; cosmo -théo -logie) , 2) de l'existence sociale se découvrant a) obligée au respect et b) appelée à la communion fraternelle (socio-théo-logie), et 3) de l'ipséité qui fait l'expérience de soi-même comme don gratuit, – pour apprendre finalement que le cercle égologique englobant les étapes énumérées, est lui-même un don du Dieu donnant, qui - peut-être - va parler. 6. Vérité et apparence. – La philosophie est essentiellement une explicitation de la fondation originaire qui affirme Dieu-dans-le-monde ou le-monde-en-Dieu. A cause de la déviation historique de toute philosophie concrète, l'expérience de la recherche du vrai comporte aussi et d'abord une (re-) Conversion au véritable Fondement, qui est la fin et le début de tout penser. 7. Itinerarium mentis in Deum. – Une phénoménologie de l'acte philosophique doit surmonter les phénoménologies superficielles par une réflexion sur les différentes philosophies de notre passé, dans lesquelles elle reconnaît des „phénomènes” systématiques explicitant l'affirmation originaire de la Vérité elle-même. Pour préparer une méthodologie de cette phénoménologie méta-philosophique, une discussion avec le projet de la Phénoménologie de l'Esprit hégélienne s'impose. Ce chapitre ne donne qu'une ébauche de quelques lignes directrices d'une telle méthodologie