Iris 40 (
2020)
Copy
BIBTEX
Abstract
L’installation est généralement appréhendée comme un dispositif qui prescrit au public une expérience. Cette contribution souligne les enjeux phénoménologiques et éthiques qui traversent l’idée de pourvoir prescrire à l’autre son expérience. Après avoir situé la démarche dans le paysage des interactions entre phénoménologie et art, l’étude propose quatre étapes de dialogue, entre phénoménologie, d’une part, et œuvres d’art, d’autre part, à travers lesquelles différentes perspectives sur la question de l’expérience de l’autre seront articulées. À l’issue de ce parcours, il apparaîtra que, parmi les outils qui nous servent à analyser l’expérience esthétique, le schème classique de l’intersubjectivité et de l’empathie, et l’a priori d’universalité qui le sous-tend, doivent nécessairement être complétés par des approches qui ne réduiraient pas la singularité et l’altérité de l’autre personne, et qui permettraient ainsi de mieux saisir la dimension proprement sociale et éthique de certaines expériences esthétiques contemporaines. Installation art is generally understood as a device which prescribes an experiment to the public. This contribution underlines the phenomenological and ethical stakes that cross the idea of prescribing to the other his experience. After recalling the general interactions between phenomenology and art, this study proposes a four stages dialogue between phenomenology and works of art on the question of the other’s experience. It will appear that the classical schema of intersubjectivity and empathy, and the a priori of universality which underlies it, must be necessarily supplemented by approaches which would not reduce the other’s singularity and otherness, and which would better understand the social and ethical dimension of certain contemporary aesthetic experiences.