Abstract
Cet article se propose de reconstruire la réflexion de Hans Blumenberg sur le mythe en dégageant les ‘principes’ directeurs du mythe tels que Blumenberg les conçoit et en rattachant chacun de ces principes à un mythe considéré alors comme paradigmatique. Il s’agit moins de reprendre la théorie schellingienne selon laquelle le mythe «s’auto-explique» que de montrer la fécondité de l’hypothèse de Blumenberg, celle d’un «travail du mythe» qui se prolonge dans les tentatives mêmes d’explication du sens de la pensée mythique. Ce dépassement en acte de l’opposition logos/mythos confirme l’importance anthropologique du mythe comme technique de mise à distance de l’angoisse et rupture avec ‘l’absolutisme de la réalité’. Mais la réhabilitation théorique du mythe ne saurait déboucher sur un nouveau mythe politique: si le ‘travail du mythe’ de Blumenberg, n’est pas dénué d’effets politiques, comme d’ailleurs celui de Lévi-Strauss, ces effets ne peuvent être qu’indirects, suivant la valorisation du détour qui caractérise toute l’œuvre de Blumenberg.