Abstract
Ce texte examine les arguments de Leibniz et de Berkeley contre la théorie de l'espace absolu, que Newton avait tenté de prouver au moyen de l'expérience connue sous le nom d'expérience du seau. Selon Leibniz, l'espace absolu ne peut exister parce que cette existence serait contraire au principe des indiscernables et au principe de raison suffisante. L'espace euclidien est en effet un ensemble de points doués des mêmes propriétés qualitatives; dans un tel espace, chaque monde possible appartiendrait à une classe infinie de mondes indiscernables. En revanche, la critique de Berkeley résulte de prémisses empiristes : nous ne pouvons observer que des mouvements relatifs et des positions relatives, c'est-à-dire des relations entre les corps ; l'espace substantiel est une abstraction. Ainsi le rationalisme de Leibniz et l'empirisme de Berkeley aboutissent au même résultat, c'est-à-dire au relationisme. Leibniz et Berkeley refusent la thèse de Newton parce quelle est incompatible avec leurs présupposés ; l'un et l'autre conçoivent le monde comme un ensemble de relations entre des êtres immatériels. La fin du texte tente de montrer que, d'un point de vue classique, les théories relationistes ne sont pas entièrement fondées. This text provides a survey of Leibniz's and Berkeley's arguments against the theory of absolute space, that Newton had tried to prove by the so-called « bucket experiment ». According to Leibniz, absolute space cannot exist because its existence could be conformable neither to the principle of the identity of indiscernibles, nor to the principle of sufficient reason. Then Euclidean space is a set of points which have the same qualitative properties ; in such a space, every possible world would belong to an infinite class of indiscernibles worlds. On the other hand, Berkeley s criticism follows from empiricist premises : we cannot observe anything but relative motions and relative locations, i. e. relations that bodies bear to one another; substantival space is an abstraction. Hence, Leibniz's rationalism and Berkeley's empiricism come round to the same issue, i. e. relationism. Leibniz and Berkeley deny Newton's thesis because it is incompatible with their postulates ; both conceive the world as a set of relations that immaterial beings have to one another. In the end of the text, the author tries to show that, from a classical point of view, relationist theories are not entirelv well-grounded.