Abstract
Les preuves de l’immortalité de l’âme, qui sont un des thèmes centraux de l’enseignement de Platon, ont fait l’objet d’une réflexion d’ordre logique et formel sur la manière dont elles sont (ou devraient être) exprimées. En particulier l’argument en faveur de l’immortalité de l’âme contenu dans le Phèdre (245c5-246a2), fondé sur la notion d’âme automotrice et principe de mouvement, a été assidûment analysé, pour ce qui est de sa formulation, par plusieurs représentants de la tradition platonicienne (Alcinoos, Hermias d’Alexandrie), ainsi qu’à l’intérieur de la tradition péripatéticienne (Alexandre d’Aphrodise). Par conséquent, il représente, à l’avis de l’auteur, un point privilégié d’observation de la façon dont les platoniciens s’approprient la logique aristotélicienne et récrivent, à partir de l’époque impériale, certains arguments platoniciens. En outre, il apparaît qu’Alexandre d’Aphrodise, bien qu’étant de tradition péripatéticienne, a grandement contribué à la reformulation des arguments de Platon selon les canons de la logique aristotélicienne par les platoniciens contemporains et postérieurs. Il semble aussi qu’Hermias, dans ses scholies sur le Phèdre, réagit justement à certaines affirmations d’Alexandre. Dans cet article, on montre quels sont les points de contact ainsi que les différences dans la réécriture analytico-syllogistique de l’argument du Phèdre en faveur de l’immortalité de l’âme par Alcinoos et Hermias, sans négliger l’apport d’Alexandre.