Abstract
Le mot « traduction » est à l’honneur : le philosophe Paul Ricœur l’érige en principe éthique, la « traductologie » se pose en nouvelle discipline littéraire et un courant de la sociologie des sciences le prend pour paradigme. Au-delà de ce dernier usage analogique, n’y a-t-il pas place pour une sociologie de la traduction qui ne soit pas seulement une sociographie des traducteurs amateurs ou professionnels, ni même une annexe fonctionnelle de la théorie des champs culturels et de leurs échanges inégaux ? L’événement éditorial que constitue une nouvelle traduction littéraire de la Bible offre ainsi au sociologue matière à associer ses dimensions linguistiques, institutionnelles et relationnelles pour déterminer une « configuration traductive » exemplaire de la rencontre équivoque entre mondes littéraires, médiatiques et religieux en contexte de modernité avancée.The word « translation » has pride of place at the present time : the philosopher Paul Ricœur sets it up as an ethical principle, « translation studies » become a new international subject and the sociology of sciences takes it up as paradigm. Beyond this last figurative use, the question is how can we draw up a sociology of translation apart from studies of professional sets and transnational cultural exchanges ? The New Bible Translation, a recent literary event in the French-speaking world, gives matter for combining linguistic, institutional and relational points of view. This translation case as a sociological configuration accounts for this ambiguous meeting point – at the crossroads between literature, religion and publishing – in advanced modernity