Diogène 238 (2):88-105 (
2013)
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Abstract
Dans cet essai, nous cherchons à ressaisir le sens politique du structuralisme à la lumière d’un rapprochement inattendu, présenté à la fin de Tristes Tropiques, entre le bouddhisme et le marxisme. On s’est beaucoup interrogé sur ce que le marxisme a apporté en propre à l’anthropologie structurale de Lévi-Strauss, et cela dès la parution du livre de Lucien Sebag, Marxisme et structuralisme, en 1964. Dans le même temps, le marxisme officiel, dans ses différentes tendances, avait attaqué une approche des structures de l’esprit comme une dérive idéaliste. Nous avons voulu déplacer complètement la question en prenant à la lettre la comparaison audacieuse que risque Lévi-Strauss, en quelques pages, où le marxisme comparaît comme ce qui, en Occident, fait écho à un processus de transformation du monde social dont l’Orient, en son propre sein, a inscrit par avance la possibilité. Ainsi, c’est une différence interne à l’Orient qui sert, en bonne méthode structurale, à penser une différence significative, mais inaperçue, dans notre propre culture. Et la pensée marxiste, inscrite sous le signe d’une volonté de transformation du monde plutôt que d’interprétation, est replacée dans un cadre qui la modalise, en même temps qu’elle en révèle la portée réellement critique.