Abstract
Le présent article est la réaction juridique d'une magistrate, cheffe de juridiction, à l'analyse sociologique développée par Alexia Boucherie dans son ouvrage Troubles dans le consentement. Le concept de « zone grise » dans le consentement, en tant que curseur du permis et de l'interdit, du consenti et du non-consenti, du légal et de l'illégal, intéresse particulièrement les praticiens. C'est sur le terrain du droit pénal que la question du consentement à l'acte sexuel est abordée car c'est bien là l'enjeu de la réflexion. Ces zones grises trouvent application en matière d'infractions sexuelles, qu'il s'agisse du crime de viol ou du délit d'agression sexuelle. L'établissement de la preuve de l'absence de consentement sexuel est au cœur de l'office des juges. Or si la juriste rejoint parfois certaines intuitions de la sociologue, elle doit s'en distancier. La question des bornes du consentement sexuel fournit cependant un terreau fertile à une réflexion pluridisciplinaire qui conduit à questionner la pratique du juge face au consentement sexuel.