Abstract
Dans les débats portant aujourd’hui sur les relations entre l’homme et l’animal, singulièrement à propos des luttes féroces entre « spécistes » et « antispécistes », Descartes est souvent convoqué pour justifier telle ou telle thèse extrémiste. Le plus souvent sa pensée est ramenée à une citation tronquée ou à une analyse coupée de son contexte. Il apparaît alors comme le repoussoir de la prétendue bienveillance moderne envers l’animalité. Les bêtes n’ayant pas d’âme « comme nous », il serait possible de les traiter cruellement. Comme si elles ne disposaient pas d’une intelligence et d’une sensibilité proche des nôtres! On oublie d’abord que la théorie de l’« animal machine » vaut autant pour les hommes que pour les bêtes. C’est surtout un principe méthodologique qui permet à Descartes d’éviter les errances de la médecine humoriste. Il s’agit pour Descartes de penser les corps spatialement à l’aide de la seule mécanique. Afin d’éviter ce qui relève souvent de l’outrance caricaturale, peut-être serait-il bon d’en revenir aux textes mêmes. La pensée cartésienne y apparaît plus nuancée qu’on le dit parfois.