Abstract
Nous entendons relever un défilancé par Erwin Panofsky, en montrant que la genèse d’une conception moderne et créatrice de l’art passe aussi par le platonisme et sa translatio renaissante. Cette réélaboration se paye cependant d’un prix métaphysique lourd : l’oblitération du noûs dans la hiérarchie des êtres et la dégradation de la noétique néoplatonicienne en une psychique de l’idea. Nous étudions ici comment l’âme, dans la Theologia platonica de Marsile Ficin, assume les trois grands prédicats traditionnellement attachés au noûs : vie, être et intelligence ; et comment, surtout, sur cette base métaphysique, a pu émerger une théorie créatrice de l’idea, libérée de la tutelle de l’intellect – théorie qui met en œuvre une relation de la noétique à la poétique inversée par rapport au célèbre schéma aristotélicien de Métaphysique Thèta, 7, et qui initie ce que l’on pourrait appeler « noétique démiurgique ».