Abstract
L’enjeu du présent article est d’examiner la critique du naturalisme menée par Charles Taylor de 1970 à 1990 et d’en interroger la portée. L’article commence par définir les thèses ontologiques et épistémologiques constitutives de ce que Taylor appelle « le naturalisme » et qu’il considère, non sans le déplorer, comme le courant philosophique hégémonique de la deuxième moitié du xx e siècle. Il analyse ensuite les différents arguments mobilisés par Taylor pour en contester la légitimité et il en identifie un comme central : la cécité du naturalisme au caractère déterminant de « l’arrière-plan ». Cet argument se décline en deux versions : la cécité au statut herméneutique de l’arrière-plan, la cécité à son statut normatif. Pour finir, l’article formule plusieurs objections à l’endroit de la proposition normativiste élaborée par Taylor en réponse au naturalisme.