Abstract
Montaigne est souvent présenté comme un défenseur inconditionnel de la liberté de conscience et de la tolérance, mais cette vision est simplificatrice. À une époque déchirée par les guerres de religion, Montaigne envisage la tolérance religieuse dans une perspective qui privilégie la pratique politique plutôt que les questions de principe. Le caractère largement insaisissable des croyances humaines rend la notion de liberté de conscience presque impossible à définir, et Montaigne ne s’y essaie pas même dans le chapitre des Essais pourtant intitulé « De la liberté de conscience » (II, 19). La question de la tolérance religieuse relève de la « politique », en un sens non opportuniste du terme.